Comment réussir un portrait en extérieur à l’aide d’un éclairage artificiel et comment finaliser ensuite la photo en post-traitement. Ce tutoriel vous livre les conseils de Pierre Cimburek, photographe professionnel.
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Pierre Cimburek mêle lumière naturelle et lumière artificielle pour faire ressortir de l’émotion et du ressenti au travers de ses images. Il travaille essentiellement avec des artistes (comédiens, groupes, …) et est assisté de JC Reynders sur chacune de ses séances.
Pour ses images plus personnelles, Pierre Cimburek s’intéresse aux gens de la rue et aux enfants. Découvrez son travail sur le site http://www.pierrecimburek.com
A partir d’ici, je laisse la parole à Pierre Cimburek.
Comment réussir un portrait en extérieur
Cette photo est issue d’une série réalisée pour le groupe Q-Bizz (Pays-Bas). Le but de la séance était de produire des images destinées à la promotion des différents membres.
Préparation de la séance
Je prête une attention particulière à la préparation de mes séances. L’utilisation d’un éclairage artificiel en extérieur impose une certaine rigueur. Afin de favoriser la prise de vue, chaque paramètre doit être pensé et prédéfini lors du processus de création initial.
Pour réussir un portrait, mon processus tourne autour de 5 axes majeurs :
- le sujet
- le lieu
- la focale et son ouverture
- la source
- la composition
Le sujet
Mon sujet du jour est Sinzhere, music producer du Q-Bizz. Il désirait des photos pour son groupe et lui dans lesquelles je devais favoriser un rendu Street/Hip-Hop. Pour ce qui est de l’attitude, je savais que je pouvais leur faire confiance, tout comme pour le style vestimentaire. Il ne me restait plus qu’à travailler sur les autres points afin que le tout forme un ensemble cohérent qui mettrait les membres du groupe en valeur.
Le lieu
Le shooting a eu lieu sur un site métallurgique aux bâtiments imposants repéré il y a déjà longtemps. Ce lieu se prête parfaitement au rendu désiré. Lorsque je l’ai découvert, j’ai su tout de suite qu’il serait adapté à un shooting pour un groupe de rap.
La focale et son ouverture
J’ai opté pour le 24 mm afin d’inclure le bâtiment dans mon cadrage mais aussi pour profiter du dynamisme qu’offre la déformation propre à cette focale.
Concernant l’ouverture, je voulais que l’arrière plan soit visible tout en conservant un peu de profondeur de champ sans pour autant négliger le fait que je voulais que le sujet se détache de l’image. J’ai donc choisi de travailler à f/4 ou f/5,6 un bon compromis à cette focale.
La source
J’ai choisi d’utiliser une seule source de lumière avec un rendu claquant et des ombres bien marquées, tout comme la lumière, afin que celle-ci vienne se marquer directement sur les traits du visages pour les faire ressortir. Un peu comme de la peinture, en exagérant. J’ai aussi fait ce choix parce que le lieu, lui, est plutôt grisouille… L’utilisation d’une tête de flash nue me semblait être un bon choix.
La composition
J’ai placé le sujet devant le bâtiment avec une coupe de tête en mode paysage afin d’y inclure le décor, le tout en légère contre plongée pour accentuer le dynamisme de l’image. Sur mon croquis, je n’ai pas travaillé sur la pose mais uniquement sur le placement (sujet/lumière) et sur la direction du regard (représenté par les barres placées dans les yeux) sachant que les poses viendraient naturellement.
Voici le croquis fait en préparation à la séance (cliquez pour le voir en plus grand) :
Concernant la coupe de tête, je la pratique en général systématiquement lorsque je décide d’inclure une bonne partie du décor dans la composition. Le but est simplement de forcer le regard sur le sujet et de proposer une lecture en 2 temps sujet/décor. Ceci évite que l’œil ne se perde trop facilement dans l’image et qu’il soit trop rapidement distrait par l’arrière plan.
La prise de vue
Les éléments qui constituent la préparation me permettent d’avoir une idée précise de ce que sera l’image une fois réalisée.
Arrivé sur le lieu, je connais donc :
- le cadrage et le placement de mon sujet ainsi que de la source
- les paramètres boitier qui sont déjà réglés, excepté la vitesse d’obturation qui me sert à exposer ma scène. Les ISO sont toujours au minimum afin que le fichier soit le plus propre possible.
Puisque nous travaillions sans diffuseur, il était primordial que le spray de lumière soit parfaitement orienté et que je vérifie continuellement les ombres via l’écran au dos de l’appareil. La session, dans cette configuration, a duré une dizaine de minutes avant que je ne passe à un autre membre du groupe.
Encore une fois, pour réussir un portrait c’est tout le travail réalisé avant la séance qui permet que les choses se déroulent de manière précise et que ce soit rapide. J’insiste sur ce point, car lorsque votre première image est directement de bonne qualité, cela met le sujet en confiance.
Le traitement de l’image
Lorsque je traite une photo, je garde toujours à l’esprit que je veux pouvoir en faire un agrandissement sans que l’image ne soit dégradée par les retouches que je pourrais y apporter. Il est vrai que sur un écran et avec une résolution pour le web, la plupart des dégradations que l’image peut subir lors du développement ne se voient que très peu. Mais lorsque vous triplez la taille de l’image pour la tirer en grand sur papier, les choses sont toutes autres.
Je préfère donc prévenir que la technique présentée dans ce tutoriel est bonne à condition de ne pas en abuser. Je garde toujours à l’esprit que moins je touche à l’image, plus la qualité du fichier finale sera bonne.
Lors de l’importation dans Lightroom je tague les images avec le nom de la séance ainsi que le lieu. Je ne traite jamais mes photos professionnelles directement dans Lightroom, je passe toujours par Photoshop pour l’édition de mes fichiers RAW. C’est un choix personnel qui me permet de développer l’image dans ses moindres détails.
L’avantage des clichés réalisés à la lumière artificielle, c’est qu’ils ne nécessitent que rarement de longues et fastidieuses heures de développement si l’image est bonne à la base.
Voici un aperçu du RAW avant son développement :
photo (C) Pierre Cimburek
Et voici la même image après développement selon procédure décrite ci-après :
(C) Pierre Cimburek
Import dans Photoshop
Je commence par importer l’image dans Photoshop.
Je corrige l’exposition si nécessaire à l’aide de l’outil courbe comme c’est le cas sur cette photo.
Dès que l’image me semble exposée correctement, je lui ajoute du contraste. Pour les portraits ayant besoin de dureté, j’utilise une technique passant par le filtre Passe-Haut :
- je duplique mes calques (le calque d’arrière plan et la courbe réalisée)
- je fais un cmd+e ou ctrl+e pour aplatir les calques
- je vais dans le filtre Passe-Haut et déplace le curseur aux alentours de 90px
- je passe ensuite le calque en mode lumière tamisée avec une opacité de plus ou moins 30%
- j’accentue ensuite l’image en passant une nouvelle fois par le Passe-Haut mais cette fois je place le curseur aux alentours de 5 px
- je repasse ce calque en mode lumière tamisée et descend l’opacité à 40% en vérifiant que l’image ne pixelise pas à un aperçu de 100%
Cette étape a juste pour but de légèrement renforcer l’image. La vrai accentuation doit se faire en fonction de la sortie envisagée (écran, papier).
L’ajout de contraste a pour effet de saturer certaines teintes de l’image, je désature donc si nécessaire et masque les parties que je désire garder intactes, comme la chemise sur ce cliché.
Luminosité – Contraste
A ce stade l’image est en générale finalisée mais dans cet exemple je trouve que la veste attire encore trop l’œil : je crée donc un calque de luminosité/contraste. Pour effectuer le réglage, je ne me concentre que sur la partie que je désire corriger :
- ici je diminue la luminosité de 10 pt et augmente le contraste de 5 pt
- j’inverse ensuite le masque du calque afin de faire disparaitre l’effet pour ensuite le faire réapparaitre en peignant de blanc sur la zone qui m’intéresse (le masque doit être sélectionné)
Pour terminer, je duplique l’ensemble des calques et les aplatis. Ce calque me servira d’image de comparaison au cas où je reviendrais faire quelques modifications sur la photo.
Une fois terminé je sauvegarde une version aplatie en TIFF ainsi que le .psd. D’autres exports du fichier tiff seront effectués pour les différentes sorties ultérieures.
Conclusion
Mon choix s’est porté sur cette photo parce qu’elle ne nécessite que très peu de matériel pour être réalisée. Il n’y a pas besoin d’un éclairage surpuissant ni d’une tonne de diffuseurs comme les parapluies, softbox ou autres… Un simple flash cobra déporté suffit pour accomplir ce type de photo.
Je l’ai aussi choisie parce qu’elle démontre qu’une prise de vue bien réalisée permet d’éviter de longues heures de développement et de retouches pouvant nuire à la qualité finale de l’image.
Réussir un portrait, vous en voulez plus ?
Parce que rien ne remplace une explication de vive voix, Pierre nous a concocté une vidéo qui reprend tout le processus de traitement de sa photo dans Photoshop :
Merci à Pierre Cimburek pour nous avoir expliquer comment réussir un portrait, retrouvez-le sur le site: www.pierrecimburek.com
Découvrez cet autre article sur le portrait en studio cette fois.
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c est nul !
D une part le cadre est défaillaant (il fallait masquer la boite au fond au lieu de la montrer), mais la pose est quelconque, et le traitement ridicule !
C’est ce qu’on appelle un commentaire constructif. Nous vous remercions infiniment pour cette intervention.
Bon tuto, merci Pierre
cMerci pour ce très bon article , mais c’est moi ou sur LR, pour avoir le meme resultat, ca prend 2 min ?
Bonjour,
Merci pour cet article.
Tout à fait d’accord avec toi « ASdesign »… LR + quelques minutes et c’est joué.
Merci à vous pour vos avis,
Je suis de ceux qui pense que seul le résultat compte… alors que ce soit LR ou PS chacun doit utiliser la technique qui lui semble le mieux et qui correspond à ses besoins.
Concernant la durée, ici la vidéo dure à peu prêt 5min car je prend le temps d’expliquer sans utiliser ni raccourcis ni script… ce que je veux dire c’est que développer sur LR ou PS cela ne prend pas forcément plus de temps
Par contre, LR reste, selon mes besoins, trop imprécis… rien qu’au niveau de l’accentuation par exemple. Il est doté d’un bon outil mais reste assez limité dans cette tâche. Tout comme pour le contraste, la courbe en est un autre exemple… Puis reste le plus gros soucis, qui est pour moi la gestion des profils…
Mais encore une fois, c’est le résultat final qui compte et à chacun de développer comme bon lui semble… tant que le résultat lui convient.
Oui c’est pas faux !
Merci pour cette réponse qui se respecte lorsqu’elle est très bien construite de cette façon ! (pas comme la mienne précédemment…).
J’utilise LR plutôt que PS pour sa gestion globale de collection et son approche plus « développement » que « retouche » ou « montage ». Rien de péjoratif dans mes propos, juste une sensation.
Enfin, je suis d’accord, seul le résultat compte et puis les gouts et les couleurs font le reste…
Merci Pierre, bonne continuation.
Cordialement, Ludo.