Passer deux semaines sur le terrain avec un boîtier au look vintage, pour vous proposer ce test Nikon Df, c’est découvrir ce reflex plein format inédit qui complète la gamme Nikon avec son capteur de Nikon D4, son look Vintage et son caractère résolument orienté Photographie.
Je l’ai utilisé dans différentes situations pour vous livrer mes impressions au-delà des murs de briques et des bancs techniques.
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Test Nikon Df : présentation
Le Nikon Df est un reflex plein format dont le gabarit est proche du Nikon D610 mais qui a la particularité d’être équipé du capteur et du traitement d’image du Nikon D4. Autant dire que le cœur du Df est tout ce qu’il y a de plus pro et éprouvé puisque le Nikon D4 fait partie des références en matière de boîtiers pros.
Pour ce qui est du boîtier, même constat : la référence D610 laisse présager d’un ensemble cohérent et efficace même si certains composants ne sont pas au niveau des reflex pros de la marque, le module AF 39 points en particulier.
Sur le plan du look, c’est affaire de goût. Le Df reprend les lignes du célèbre Nikon FA (1983) avec ses couronnes supérieures, sa molette frontale entièrement apparente et son déclencheur avec pas de vis pour accessoires.
Test Nikon Df : le boîtier et son objectif Nikon AFS 50 mm f/1.8
Si la face avant du boîtier est très clairement Vintage, il n’en est pas de même de la face arrière proche de ce que l’on connaît des reflex ‘modernes’. Les amateurs de Vintage purs et durs (j’en suis aussi) reprocheront à Nikon de ne pas avoir poussé l’exercice jusqu’au bout sur le plan du design. Le fait de piocher dans la banque d’organes maison est une des raisons probables de ce choix.
Le Nikon Df est estampillé ‘Pure Photography‘ par la marque : en clair et en français cela veut dire qu’il ne dispose pas d’un module d’enregistrement vidéo ni des fonctionnalités modernes comme le Wifi ou la géolocalisation des images. J’ai interrogé Nikon sur ce point et une des raisons pour ne pas avoir inclus la vidéo, hors choix marketing, est que ce module nécessite des composants additionnels qui prennent de la place (le Df se veut compact et léger) et impliquent un tarif de vente plus élevé (les composants dédiés pour l’enregistrement vidéo sont des additions à l’électronique embarquée).
Si l’on peut comprendre ce choix sur le plan technique, j’ai plus de mal à l’admettre sur le plan du positionnement général du boîtier. En effet le Df est vendu à un tarif sensiblement identique au Nikon D800 qui inclut la vidéo, et nombreux sont les amateurs de photographie qui apprécient de pouvoir de temps à autre tourner quelques séquences.
Test Nikon Df à 6.400 ISO
Il en est de même pour ce qui est de l’utilisation du module AF 39 points issu du D610, un choix qui s’explique difficilement sur le plan pratique tant ce module, efficace par ailleurs, est limité par rapport au module 51 points équipant par exemple un plus modeste Nikon D7100.
Le Nikon Df est livré en kit avec un objectif Nikkor 50 mm f/1.8 AF-S dont le look colle parfaitement à celui du boîtier. On lui reprochera par contre un encombrement bien conséquent pour un simple 50 mm ouvrant à f/1.8, d’autant plus que les 50 mm de la grande époque étaient déjà performants et bien moins volumineux. Par ailleurs vous êtes nombreux à déjà posséder un 50 mm, imposer le choix du kit ne fait que rajouter une contrainte tarifaire à un boîtier qui est déjà assez mal placé sur ce plan.
Ergonomie et accès aux fonctions principales
Le Nikon Df surprend à la première prise en main. Le boîtier est en effet beaucoup plus léger que son apparence ne laisse paraître. Le gabarit est très proche d’un Nikon D610 (et pour cause), le poids également. Il vous faudra vous habituer aux différentes couronnes et molettes, avec leur verrouillage de sécurité, qui si elles reprennent bien l’esprit des boîtiers argentiques ne s’avèrent pas nécessairement ergonomiques.
En mode S par exemple, changer la vitesse impose de tourner la couronne supérieure droite, une manipulation peu aisée quand on a l’œil au viseur. De même changer le mode de prise de vue pour passer de S à A est difficilement réalisable sans baisser le boîtier et lever la petite molette de réglage.
La double couronne supérieure gauche vous permet de changer la sensibilité et de jouer sur la correction d’exposition. Elle reprend le verrouillage qui impose de voir ce que l’on fait pour ne pas se tromper. Si l’on ne change pas la sensibilité à chaque photo, il n’en est pas de même avec la correction d’exposition. A l’usage c’est assez peu agréable à utiliser.
Le dos du boîtier reprend les touches et contrôles que l’on connait sur les reflex Nikon : les nikonistes apprécieront, les autres s’y feront. Les menus du boîtier sont conformes à ce que vous connaissez de la gamme reflex Nikon, c’est excessivement complet mais il est temps que Nikon se penche sérieusement sur l’arrangement des menus car on finit par s’y perdre très vite vu le nombre de fonctions disponibles. L’interface mérite vraiment d’être revue (c’est aussi vrai pour les autres Nikon).
Rien à dire en revanche sur l’écran arrière grand et très bien défini, parfaitement visible en pleine journée ensoleillée. Il n’est certes pas tactile mais tant que les menus ne sont pas revus, il y a peu à gagner à contrôler le boîtier au doigt. Le viseur est un modèle du genre, généreux, avec un dégagement qui ne vous privera pas de vos lunettes préférées, la couverture 100% vous permettra de soigner vos cadrages. Le paramétrage via les menus permet de disposer des informations nécessaires et suffisantes dans ce viseur qui peut également afficher les lignes de tiers, le point AF et s’éclairer en fonction des réglages que vous aurez faits.
L'emplacement batterie et carte mémoire se trouve sous le boîtier, la trappe disposant d’un système de verrouillage dans l’esprit des Nikon F avec un levier à dégager et tourner (les amateurs apprécieront). Si la manipulation ne pose aucun problème en elle-même, il n’en sera pas de même si vous utilisez un trépied, l’accès à cette trappe est alors condamné, prévoyez de la place sur votre carte mémoire si vous fixez l’appareil sur trépied et que vous ne souhaitez plus le démonter pendant la séance.
Gabarit et prise en main
Autant le dire tout de suite, si le Df dispose bien du capteur du D4, il n’en reprend ni le poids ni la taille. Le Df est léger et s’avère plus compact que le Nikon D700 par exemple.
L’absence de flash intégré permet au Df de disposer d’un prisme assez petit tout en proposant une griffe porte-accessoires pour les amateurs de flashs Cobra. La poignée droite offre une prise en main confortable, elle s’avère un peu juste si vous avez des grosses mains d’autant plus que la hauteur du boîtier est réduite toujours par rapport au D700 par exemple.
Le Df dispose d’un écran de contrôle supérieur fidèle, selon Nikon, à l’esprit Vintage. En clair il est minuscule et très peu lisible en pleine journée (l’esprit Vintage quoi !).
Cet écran s’avère relativement inutile en pratique, vous aurez plus facilement recours à l’affichage des informations sur l’écran arrière. Vous y perdrez l’esprit Vintage mais vous y gagnerez en efficacité et en lisibilité.
Le Nikon Df à l’usage
Le Nikon DF est un boîtier qu’il vous faut apprécier à sa juste valeur. Il demande à être découvert, compris et utilisé à bon escient et diffère en cela des autres modèles de la marque plus généralistes et accessibles. Avec le Df vous disposez d’un boîtier pour vos longues balades en extérieur, pour vos portraits posés, pour vos photos de paysages. L’ensemble capteur-processeur d’image est excessivement performant et je n’ai rien trouvé à redire sur la qualité des images que ce soit en basse sensibilité en pleine journée comme en plus haute sensibilité en soirée.
Les JPG bruts de capteur sont exempts de tout bruit numérique jusqu’à 3.200 ISO, très bons à 6.400 et largement utilisables à 12.800 ISO (voir comparatif Nikon Df – D4 – D800). Au-delà je vous conseille d’utiliser le format RAW et de traiter vos fichiers, moyennant quoi vous obtiendrez des résultats plus qu’honorables à 25.600 ISO. Oubliez bien évidemment les sensibilités extrêmes (102.400 et 204.800 ISO).
Le Nikon Df est fait pour le reportage et le paysage, il n’est clairement pas dédié à l’action, au sport et à toutes les situations dans lesquelles vos sujets bougent de façon imprévisible. Son module AF à 39 points est bien trop limité, non pas par sa réactivité et sa précision, excellentes, mais par sa capacité à suivre le sujet sur les bords du cadre. La répartition des 39 collimateurs est en effet telle qu’ils occupent le centre du cadre et ne vous permettent pas de caler le point sur les lignes des tiers et les points forts de l’image par exemple.
Sur le plan pratique, je n’ai pas grand-chose à reprocher au boîtier qui fonctionne « comme un Nikon » : une fois vos réglages faits, vous pouvez vous concentrer sur la prise de vue, vous disposez de toutes les infos nécessaires et suffisantes dans le viseur et d’une qualité d’image qui ne laisse planer aucun doute. Seul l’accès à certains réglages en cours de prise de vue s’avère pénalisant puisqu’il convient de baisser le boîtier, changer le réglage et reprendre le cours de la prise de vue. Un peu déconcertant au début, même si l’on finit par s’y habituer.
Test Nikon Df à 12.800 ISO
Notons toutefois quelques incohérences au niveau des menus et de l’écran arrière qui, pour un boitier dédié photo, a un peu trop tendance à s’allumer quand on ne lui demande rien. Et passer toutes les entrées des menus en revue pour trouver celle qui pourrait couper l’affichage des infos et qui au final n’existe pas est assez navrant. Il est probable que les mises à jour du firmware inévitables corrigent quelques-unes de ces anomalies si les premiers utilisateurs les remontent à la marque.
Quelques mots sur le Nikkor 50 mm f/1.8 AF-S livré avec le Df pour dire qu’il est conforme à ce que l’on connait des 50 mm Nikon : un beau piqué, une bonne rapidité AF et une taille conséquente. Je regrette toutefois que Nikon n’ait pas fait l’effort d’ajouter une bague de diaphragme pour coller à l’esprit Pure Photography, tant qu’à faire de proposer une optique dédiée.
Si vous n’aviez pas encore de 50 mm vous en aurez un et si vous en avez déjà un … vous en aurez deux ! (lire : Mr. Nikon, si vous proposiez le Df boîtier nu en retirant le tarif du 50 mm ce serait une belle idée non ?).
Mon avis sur le Nikon Df
Donner un avis sur le Nikon Df n’est pas chose aisée tant le positionnement de ce boîtier est exclusif dans l’univers Nikon. Si l’on considère le seul aspect Photographie, alors ce boîtier est un excellent reflex dont la qualité d’image n’est pas à remettre en cause. Il assure dans les basses lumières comme dans la gestion des forts contrastes, la définition de 16Mp évite les flous de bougé fréquents des capteurs plus riches en pixels et les fonctions et contrôles sont suffisamment complets pour satisfaire le plus grand nombre.
Test Nikon Df à 6.400 ISO
Le Nikon Df est proposé à un tarif public qui fait de lui un objet de luxe face à une concurrence (Fujifilm avec le récent Fuji XT-1 par exemple) qui fait sensiblement aussi bien pour moitié moins cher. Il vous faudra donc considérer d’autres critères au moment du choix comme vos besoins photo précis, votre parc optique ou l’attachement à la marque. Moyennant quoi vous ne serez pas déçu.
Si le côté exclusif du Df vous inquiète, essayez-le avant de casser votre tirelire, ne serait-ce que pour la prise en main et l’accès aux fonctions. Dans le doute vous pouvez vous rabattre sur le D610 beaucoup plus polyvalent, disposant d’une fiche technique proche (hors capteur) mais bien plus polyvalent et beaucoup moins onéreux.
Test Nikon Df : à qui s’adresse ce reflex Nikon ?
Usages familiaux grand public, profil amateur
Le Nikon Df est un boîtier qui demande une bonne connaissance des bases de la photographie pour être exploité au mieux. Il ne dispose d’aucun des modes scènes qui peuvent séduire les amateurs et s’avère exclusif dans son usage. Si vous êtes dans ce cas mais que le plein format vous fait de l’œil, optez plutôt pour le Nikon D610.
Usages avancés, profil expert
Vous cherchez la meilleure qualité d’image dans un boîtier léger et vous êtes amateur de reportage, de photo de rue, de paysages, de portraits posés, de toutes les situations dans lesquelles votre sujet bouge de façon prévisible ? Le Nikon Df répondra présent avec les limites de l’AF 39 points. Si le tarif n’est pas déterminant pour vous alors le Df est un bon choix.
Usages avancés, profil professionnel
Si vous êtes professionnel et que vous utilisez couramment un Nikon D3, D4 ou D800 alors prenez le temps de la réflexion avant de choisir le Df. Vous gagnerez en poids tout en gardant la qualité d’image de votre D4, c’est un atout. Vous perdrez en capacité, en rapidité d’action, en vidéo et en ergonomie générale par rapport à un D610 qui peut s’avérer une alternative crédible ou à un D800 qui en propose bien plus pour le même prix.
Vous avez des questions complémentaires ou des retours d’expérience à faire ? Les commentaires sont faits pour ça.
En savoir plus sur ce reflex sur le site Nikon.
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Bonjour et un grand merci pour cet article éclairant sur ce magnifique reflex qu’est le Df.
Une question bête pour laquelle je ne trouve aucune réponse… Pourquoi Nikon a choisi le sigle Df, que cela signifie t-il ?
Merci pour vos réponses, Alex
La lettre D parce que c’était un reflex numérique Nikon, et f pour rappeler la lignée Nikon F et Nikon FM, de même que l’actuel Nikon Z f dont l’appellation est composée de la même façon.
Tout d’abord, félicitations pour avoir traité le sujet objectivement !
Etant possesseur, en outre, d’un D4s, je dois t’avouer Jean-Christophe que, après avoir longtemps hésité à acheter ce boîtier, j’en suis extrêmement content et dirai même que c’est actuellement le boîtier que j’utilise le plus souvent et qui est « un véritable coup de foudre » !
Je ne vais pas donner les avantages de ce merveilleux boîtier car tu as déjà fait un résumé presque parfait sur le sujet !
Mais pour moi, il est purement « génial » de par ses performances et son côté « rétro » qui me rappelle évidement mes débuts en argentique !
De plus et pour terminer mon commentaire, je dois avouer que je l’ai acheté à un excellent prix en occasion avec moins de 6000 clics au compteur et dans un état cosmétique et fonctionnel impeccable !
Bien à toi et à bientôt 😀
Comme de nombreux Nikon, le Df demande un certain investissement neuronal pour appréhender les menus…
Ceci dit les larges photo-sites du capteur 16 Mpx fournissent de très belles images, bruit et bougé étant mieux maîtrisés.
Ayant autrefois travaillé avec le Nikormat et le F3 je suis en pays de connaissance et ma gamme d’objectifs anciens (et excellents) est bien adaptée au format du capteur et à la taille des grands photo-sites.
J’alterne mes PdV avec le 750 avec toutefois un petit faible pour cet attachant Df.
PM
Bonjour , pour la mise au point manuel, y a t il une aide Comme les enceins reflex manuel …ou une aide électronique ?
merci
Comme sur tous les Nikon, le repère dans le viseur (tout est détaillé dans la fiche technique)
Bonjour
Elle est où la molette frontale entièrement apparente sur le FA ?
A+
– Le Df a été pensé pour ceux qui possèdent encore de « gros cailloux » Nikon des années 60 à 90, petites merveilles optiques, légères, robustes et d’une précision mécanique toujours pas égalée. Ce boitier est-il à la hauteur ?
– Pas un mot à ce sujet, c’est une grosse lacune de votre article.
Je pense que vous prenez le problème à l’envers et le test le stipule bien. Ce n’est pas le boîtier qui est à la hauteur ou pas, c’est l’objectif. Ne pensez pas que des optiques conçues pour des boîtiers argentiques vont forcément se retrouver excellentes avec un capteur de D4. Ce boîtier permet de les utiliser, c’est tout.
Un boitier qui possède un support de monture en plastique n’est pas fait pour sortir dans la rue car beaucoup trop fragile et encore moins pour utiliser un objectif un peu lourd.. Une erreur impardonnable. A laisser sur les étagères des magasins en attendant que Nikon corrige sa copie. En l’achetant nous encourageons Nikon a continuer dans son erreur.
Se faire plaisir avant tout ! Et puis j’ai utilisé unNikonF un Nikkormat et un calypso en plongée ,c’etait au siecle dernier ! Et a 66 ans je viens de comprendre le parti qu’on peut tirer des optiques des années 60 et 70 quel bonheur! L’objectif 50 mm est une merveille ! je prend du plaisir ……Photo ma premiere compagne couverture Chasseur d’images , chambre monorail 4/5 inch … Caty est partie reste son image …..
Apres plus de deux semaines avec Df, je ne regrette pas l’investissement, bien au contraire. A force de m’egarer dans le boulot avec de la video en particulier j’avais oublie le plaisir de ne faire que de la photo…. tranquillement.
Pas de soucis avec les 39 collimateurs qui font bien leur boulot, ni avec la manipulation qui se revele naturelle au bout d’un moment. Ce nest pas un appareil fait pour bosser (quoique…), c’est un appareil fait pour (se) faire plaisir.
Leger, bien fini, performant… il n’y aurait pas d’ecran arriere que je ne m’en plaindrait pas plus! De plus, ca permet de ressortir des objectifs avec lesquels on ne travaille pas en general sous pretexte qu’ils ne sont pas assez « pros »..
Merci et puis se faire plaisir dans un monde detraqué c’est vital ! merci ami