Le Fuji X-E2 est un boîtier compact à objectifs interchangeables, doté d’un capteur APS-C Fuji X-Trans II de 16.3Mp et d’un viseur électronique EVF. La particularité du Fujifilm X-E2 est d’offrir une définition d’image et une montée en ISO au niveau des meilleurs reflex tout en restant compact et léger. Nous l’avons utilisé pendant plus de 15 jours dans différentes situations, revue de détail !
Présentation du Fuji X-E2
Le Fuji X-E2 a succédé fin 2013 au Fuji X-E1 précédemment testé. Fuji a pris le soin de garder ce qui fait l’intérêt de la série X, un capteur APS-C Fuji X-Trans offrant une qualité d’image au niveau des meilleurs reflex.
Le Fuji X-E2 s’est vu doté d’un nouveau module autofocus hybride déjà vu sur le X100S. La réactivité de l’autofocus était un vrai inconvénient sur le X-E1, le problème est réglé sur le X-E2. Le processeur de traitement d’image de seconde génération, le module wifi intégré, l’écran arrière plus grand et quelques autres améliorations font de ce X-E2 un vrai nouveau modèle malgré une apparence inchangée.
Le boîtier est construit en alliage de magnésium et s’avère très léger même si le X-E2 ne fasse pas partie des petits hybrides (comme le Nikon One V3). Il tient bien en main et se révèle bien plus agréable à porter qu’un reflex lors des longues sorties. En voyage, c’est un compagnon idéal quand le reflex et son zoom plus imposants constituent un ensemble plus conséquent.
Equipé du zoom standard 18-55mm f/2.8-4.0 l’ensemble reste très discret, particulièrement dans sa livrée noire, sans aucune comparaison avec un reflex (Nikon Df par exemple) équipé d’un zoom Nikkor 24-70mm (l’équivalent ou presque en focales).
N’ayez pas peur de sortir sous la pluie !
Si le Fuji X-E2 résiste à une pluie modérée il n’est pas aussi résistant aux intempéries que peut l’être le XT-1. La faible épaisseur du boîtier fait que le capteur est proche de l’extérieur lors d’un changement d’optique, quelques précautions s’imposent pour minimiser l’apparition de poussières.
Ergonomie et accès aux principales fonctions
Le Fuji X-E2 dispose d’un flash intégré que l’on fait sortir de son logement à l’aide de la touche arrière dédiée. Ce petit flash a une portée limitée, il conviendra de l’utiliser en lumière d’appoint uniquement. Il peut par contre être facilement orienté vers le haut pour éviter les effets d’ombres portées. La griffe porte-flash adjacente permet elle d’utiliser un flash externe. Le X-E2 est compatible avec de nombreux flashs dont les modèles Nikon SB, vous perdrez le mode TTL uniquement.
Le X-E2 est doté de deux molettes supérieures, une pour le réglage de la vitesse en mode S et une seconde pour la correction d’exposition. Celle-ci est variable de -3 à +3 IL (-2 à +2 sur le X-E1). Notons également l’apparition d’une position 1/180 sur la couronne de vitesse pour désigner la vitesse limite de synchro flash.
En face arrière, la différence majeure avec le X-E1 est la disparition de la touche View Mode qui permettait de basculer entre les différents modes de fonctionnement du couple viseur/écran arrière. Ce réglage est désormais accessible via le menu ou paramétrable sur une des touches personnalisables depuis le firmware 2.0.
A la place de cette touche, on trouve la touche Q pour Quick Menu : c’est l’accès direct à l’ensemble des fonctions essentielles de prise de vue qui évite de passer par les menus moins rapides à l’usage. Les boutons AF-L et AE-L ont été séparés, il est possible de figer la mise au point tout en faisant varier l’exposition ou l’inverse (le blocage AE-L/AF-L reste possible).
Le contrôleur à 4 touches à droite donne accès à ce que Fuji considère comme les commandes principales. Si c’est bien le cas pour la touche inférieure et l’accès au choix du collimateur AF, nous sommes plus dubitatifs pour la touche supérieure et le mode Macro plus rarement utilisé. Nous aurions préféré voir cette touche attribuée au réglage du collimateur, ce qui éviterait de devoir appuyer d’abord sur la touche inférieure pour accéder au réglage puis sur les autres touches pour faire son choix.
Fuji a doté son X-E2 de deux touches personnalisables : la première est située sur le dessus du boîtier à côté du déclencheur, la seconde sur le panneau arrière. Il est de même possible de choisir une personnalisation pour la touche AE arrière et la touche AF du pad de droite.
Enfin signalons un accès au logement batterie et carte mémoire sous le boîtier qui impose de retirer le boîtier du trépied, rien de critique mais à garder en mémoire si vous êtes un adepte des pieds ou du tournage vidéo.
Le Fuji X-E2 conserve le contrôle de l’ouverture via la bague de diaphragme de l’optique comme sur les autres boîtiers Fuji-X, les amateurs apprécieront. Il vous suffit de glisser le sélecteur sur l’objectif sur la position A(uto) et la couronne de vitesse sur A(uto) aussi pour être en mode P. Tournez la couronne de vitesse et vous êtes en S. Basculez le sélecteur d’objectif et vous êtes en A. Changez les deux en même temps et vous êtes en M. Simple et efficace.
Le menu Fuji est conforme aux classiques du moment : 5 ensembles de réglages pour la prise de vue, 3 pour le paramétrage du boîtier. Notons toutefois une limitation en matière de réglage ISO puisque les sensibilités maximales 100, 12.800 et 25.600 ISO ne sont accessibles qu’en mode JPG. Le réglage Auto-ISO permet de choisir la sensibilité et la vitesse minimale.
Le Fuji X-E2 dispose d’une fonction LMO (Lens Modulation Optimizer) qui permet de réduire les effets de diffraction et les aberrations chromatiques de l’objectif en JPG.
L’écran arrière de 3 pouces dispose de 1.2 millions de points comme sur le X-Pro1. Sa définition permet de visionner confortablement les images, même si la visibilité en plein jour est parfois réduite selon l’intensité du soleil.
Le viseur EVF (Electronic View Finder) a fait de gros progrès par rapport au X-E1. Il est toujours doté d’un correcteur dioptrique (les porteurs de lunettes apprécieront) et s’avère bien plus réactif. Le firmware 2.0 a porté le taux de rafraîchissement de l’EVF au niveau de celui du XT-1, un modèle du genre. Ce viseur électronique diffère de celui des X100s et X-Pro1 qui sont hybrides (optique et électronique), mais s’avère très satisfaisant à l’usage même si l’on peut relever un léger effet d’éblouissement lors du passage basse lumière – haute lumière l’espace d’une seconde.
Le Fuji X-E2 à l’usage
Le X-E2 dispose de la version 2 du capteur Fuji X-Trans tout comme le XT-1 ou le X100S. La définition est inchangée par rapport au modèle précédent avec 16.3 Mp mais ce capteur dispose de pixels à détection de phase qui viennent booster les performances de l’autofocus. L’autre particularité de ce capteur Fuji est de ne pas comporter de matrice de Bayer mais un réseau de filtres à la répartition (presque) aléatoire qui évite l’apparition de moiré. Nul besoin de filtre passe-bas et nul risque de voir apparaitre du moiré comme sur un reflex sans filtre.
Le Fuji X-E2 est particulièrement à l’aise lorsqu’il s’agit de photographier sur le vif avec précision
cliquer sur la photo pour la voir en plus grand avec les données EXIF
Nos tests en conditions réelles ne sont l’équivalent de passages au banc tel que peut le faire DxO Labs mais les résultats sont tout à fait à la hauteur de la réputation du capteur Fuji. La qualité d’image obtenue, le niveau de détail et le couplage avec des optiques Fujinon dont certaines frôlent l’exceptionnel (voir le test du Fujinon 23mm f/1.4 à venir …) font de ce X-E2 un boîtier plus que convaincant qui rivalise sans aucune difficulté avec les meilleurs reflex du moment (par exemple Nikon Df).
En matière d’autofocus, le Fuji X-E2 prend une réelle longueur d’avance sur son prédécesseur. Nous avions relevé une vraie lenteur sur le X-E1. Sur le X-E2 la mise au point est rapide et fiable, le suivi du sujet (si activé) détecte automatiquement une zone de l’image perçue comme un élément en mouvement (par exemple un enfant) et règle la mise au point en temps réel tout en suivant le déplacement.
Seul le suivi droite-gauche et avant-arrière simultané d’un sujet reste en retrait par rapport aux AF reflex disposant d’un mode Suivi 3D. Le X-E2 n’est pas dédié à la photo de sport et d’action même s’il dispose d’un mode AF Continu qui se comporte bien mieux que sur le X-E1 avec une couverture intégrale du champ cadré.
Le capteur APS-C du Fuji X-E2 vous permet aussi de jouer avec le flou d’arrière-plan
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En mode de mise au point manuel, il vous faudra tourner la bague de MAP sur l’objectif et juger du point dans le viseur. Pour vous aider, Fuji a intégré un mode Focus Peaking qui met en évidence les zones de transition dans l’image sur lesquelles vous pouvez faire la mise au point. Ce mode ne nous a pas complètement convaincus malgré la possibilité de zoomer dans l’image du fait du viseur électronique. Le mode stigmomètre est plus intéressant. L’absence de butée sur la bague de MAP reste déconcertante tout comme avec les autres boîtiers Fuji X.
Le système de mesure ne s’est pas fait piéger ici alors que les contrastes sont extrêmes
Le système de mesure de lumière du X-E2 s’est avéré efficace tout au long de notre test. Il est rarement pris en défaut, l’affichage d’une échelle intégrée au viseur rend la correction aisée si vous êtes un adepte du correcteur d’exposition.
Le Fuji X-E2 se joue aisément des contrastes élevés, utiliser le format RAW permettra néanmoins de récupérer un peu plus les hautes lumières
La cadence de prise de vue en mode rafale est fixée à 7 images par seconde (6 pour le X-E1). Si le X-E2 tient cette cadence, ce n’est pas son terrain de jeu favori. Il perd en effet la possibilité de suivre le point en rafale et demande plusieurs secondes de traitement pour enregistrer les photos une fois la rafale terminée, d’où un certain manque de réactivité si vous souhaitez faire rapidement un autre cliché. Le X-E2 montre ses limites d’usage dans ces situations pour lesquelles il n’est pas vraiment fait non plus.
Les performances aux différentes sensibilités sont toujours délicates à relater dans un tel test car nous ne nous appuyons volontairement pas sur des mesures scientifiques. Nous préférons évaluer la capacité du boîtier à fournir des images JPG de qualité sans besoin de post-traitement lourd et des fichiers RAW qui permettent d’optimiser le niveau de bruit et le rendu final si le besoin s’en fait sentir.
Aux sensibilités peu élevées, ici 1250 ISO, le niveau de bruit est nul et les images exploitables directement
Aux sensibilités moyennes, ici 2500 ISO le X-E2 reste très convaincant sans nécessiter de traitement particulier pour réduire le bruit
A 3200 ISO le Fuji X-E2 reste parfaitement à l’aise, les vitesses lentes ne sont jamais un problème (ici 1/20ème de sec.)
A 5000 ISO les JPG natifs sont suffisamment bien traités par le boîtier pour être utilisés sans post-traitement, une réduction de bruit appliquée au fichier RAW permettra de gagner un peu néanmoins
A 6400 ISO le résultat reste très intéressant si vous n’êtes pas adepte du post-traitement, et si c’est le cas vous aurez de quoi profiter d’un RAW vous permettant de tirer le meilleur du X-E2
Le Fuji X-E2 s’en est très bien sorti entre 200 et 800 ISO,aucun bruit n’est visible à l’écran. A 1600 et 3200 ISO une très légère granulation apparaît qui ne se mesure que difficilement à l’œil. A 6400 ISO le X-E2 donne des images exploitables sans post-traitement mais l’utilisation du format RAW permet de gagner en rendu. Au-delà le X-E2 arrive aux limites et les sensibilités extrêmes sont à envisager en dernier recours.
Les fichiers RAW générés sont un peu plus imposants qu’avec le X-E1 du fait d’un enregistrement en 14 bits (12 sur le X-E1). Comptez environ 32Mo par fichier RAF (le RAW Fuji).
En mode vidéo le X-E2 s’avère également plus performant que le X-E1 avec un mode Full HD à 60fps (24 sur le X-E1). La prise micro externe au format jack 2.5mm permet l’utilisation d’un micro externe, la vitesse d’obturation et le réglage ISO sont par contre figés et ne peuvent être changés en cours d’enregistrement. Notons l’absence d’un déclencheur vidéo dédié qui impose le recours à la touche Drive arrière et la navigation dans ce menu.
Notre avis sur le Fuji X-E2
Fuji a mis à niveau son X-E1 pour proposer un X-E2 en net progrès sur de nombreux points, dont l’autofocus et le viseur. La marque est de plus très à l’écoute des utilisateurs et propose des mises à jour firmware régulières y compris pour les modèles n’étant plus commercialisés.
Le Fuji X-E2 s’avère un des deux meilleurs choix du moment avec le XT-1 au sein d’une gamme Fuji qui se renforce de mois en mois. Arrivé sur le marché en tant qu’outsider face aux concurents Micro 4/3, Fuji s’est imposé comme un des leaders en particulier grâce à un capteur APS-C aux performances réelles et une gamme optique de niveau professionnel au tarif contenu.
Combinant qualité d’image, montée en sensibilité, réactivité et ergonomie, le X-E2 mérite une place sur le podium « Hybrides ». Son orientation diffère de celle du XT-1 qui cherche à se rapprocher des reflex mais ils ont les mêmes caractéristiques, les mêmes performances et le même intérêt. Le X-E2 l'emporte sur le plan du tarif puisqu’il s’avère environ 400 euros moins cher en kit avec le Fujinon 18-55mm f/2.8-4.0 que son frère de gamme.
Au moment du choix, il conviendra de bien avoir conscience des limites du X-E2 : il n’est pas taillé pour l’action et le sport ni les aventures ultimes mais dans tous les autres cas de figure il répond présent. Face à un concurrent Micro 4/3 comme l’Olympus OM-D EM-1, il a pour lui une montée en ISO bien supérieure. Face à une concurrence reflex comme le Nikon Df, il l'emporte très largement sur le plan du tarif (plus de 1000 euros d’écart boîtier nu, 2000 au moins selon optique) sans marquer le pas en terme de prestations.
Le Fuji X-E2 est un boîtier à considérer si vous cherchez un complément idéal à votre reflex comme un modèle léger et très performant en remplacement d’un système reflex plus encombrant.
Merci à Fujifilm France pour le prêt du matériel.
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Tu es content du stigmométre digitale JC ?
Ce n’est pas ce que je retiens du X-E2, il est fonctionnel mais pas aussi ‘lisible’ que les stigmomètres des boîtiers argentiques par exemple. Le firmware 2.0 a apporté de nouvelles couleurs qui aident par contre (le rouge par exemple) au focus peaking qui est assez intéressant.
donc ce ne doit pas être un critére pour preferer la XE2 au XE1 ou XPro1 le digital split ?