Julien Gérard est Reporter Photographe. Nous l’avions déjà rencontré il y a un an environ pour qu’il nous parle de ses projets, depuis il nous a proposé des conférences au Salon de la photo de Paris comme lors de nos Rencontres Photo Nikon Passion. Il rentre d’un long voyage de deux mois en Indonésie, nous avons souhaité faire le point sur son parcours, celui d’un amateur de longue date aujourd’hui devenu photographe professionnel.
Rencontre avec … Julien Gérard
NP: Julien, en quelques mots peux-tu nous dire qui tu es, ce que tu fais, dans quel monde tu évolues ?
JG: Je suis photographe indépendant basé à Strasbourg, j’effectue des reportages en France et à l’étranger. Mes clients principaux sont des collectivités ou des agences de publicité. Après des années de pratique de la photo en amateur, je suis passé du côté pro il y a 4 ans. Autodidacte exigeant, je me lance sans cesse de nouveaux défis, ce qui me permet de faire vivre ma passion intensément.
Dans mon parcours, la photo est étroitement liée aux voyages car un de mes clients m’envoie régulièrement en Europe, en Afrique et au Moyen-Orient. Lors de ces déplacements, une fois terminées les prises de vues commandées, j’en profite pour faire des reportages très différents, comme une rencontre avec les habitants de la décharge de Mbeubeuss au Sénégal ou les porteurs de soufre du Kawah Ijen en Indonésie.
NP: Parle nous un peu de ton parcours photo, comment es-tu venu à t’y intéresser, qu’est-ce qui te motive, te pousse à aller toujours plus loin ?
JG: J’ai toujours été attiré par l’image et par l’aspect technologie. Dès l’âge de 12 ans, j’étais accroc. Initié par mon oncle au développement et aux techniques de prises de vues, j’ai appris le reste par moi même dans les livres, sur le net, par les essais, l’expérience et il faut le dire, par Nikon Passion et son forum qui a réponse à tout ! Professionnellement, j’ai eu une première vie d’ambulancier, au SAMU et en entreprises privées. J’avais déjà quelques commandes rémunérées en photo et qui ont commencé à prendre de plus en plus d’importance. Il m’a fallu choisir. J’ai suivi mon instinct et choisi de me consacrer entièrement à la photo. Même si le statut d’indépendant est parfois incertain, je n’ai jamais regretté ce choix. C’est un luxe de pouvoir travailler sans jamais se lasser.
Je partage énormément mon travail via mon site web et le blog qui y est rattaché. On me trouve aussi sur Facebook et Twitter. C’est véritablement un travail que je conçois dans le partage et l’échange, à toutes les étapes, de la prise de vue à la diffusion. C’est aussi pour cela que je développe une activité de conférencier. Vous me retrouverez d’ailleurs début octobre au Salon de la Photo à Paris pour 2 interventions sur le stand de Nikon Passion et l’Agora du Net.
Pour la suite logique et surtout idéale de mon parcours, je souhaite travailler sur des projets d’édition et de publications.
Photo (C) Julien Gérard
NP: Quelles sont tes références en photographie, tes photographes préférés ?
JG: Les photos de Vincent Munier me fascinent. Il a su créer et entretenir un univers créatif qui lui est propre. La poésie de la brume, la force de la faune sauvage, la noirceur des ciels orageux sont autant de signes particuliers que j’aime reconnaître au détour de ses travaux. Nous ne traitons pas les mêmes sujets mais son travail m’inspire beaucoup.
J’admire Joey Lawrence ; ce très jeune photographe voyage beaucoup et surtout, il a magnifiquement photographié la tribu des Mentawai en Indonésie. Ses travaux les plus « exposés » au grand public, mais de loin pas mes préférés, sont les affiches des films Twilight.
Enfin, je citerai Steeve McCurry pour ses portraits dont celui bien connu de la jeune afghane, et Leila Gandhi, pour ses photos de voyages dont je me sens proche.
NP: Ton séjour récent de deux mois en Indonésie a été un moment particulier cette année, peux-tu nous en parler ?
JG: Mes déplacements, d’une à deux semaines en général, me laissent souvent sur ma faim. J’avais réellement l’envie et le besoin de prendre le temps de découvrir un pays et ses habitants. N’ayant jamais eu jusqu’alors l’occasion de partir en Asie, j’ai ciblé l’Indonésie pour son étendue, sa richesse culturelle et naturelle. Entre population accueillante, volcans, jungles luxuriantes, îles désertes bordées d’eau turquoise et fonds marins regorgeant de couleurs, je n’ai pas été déçu. Des dizaines de galères, des centaines de rencontres et des milliers de photos auront jalonné mon parcours.
Mon meilleur souvenir ? L’ascension du Kawah Ijen avec les porteurs de soufre. Des paysages à couper le souffle, des rencontres chaleureuses, il ne m’en fallait pas plus pour tomber amoureux de cet endroit. Non seulement, ce volcan abrite le plus grand lac acide du monde mais il compte un gisement de soufre où travaillent chaque jour des dizaines de porteurs. Ces hommes portent des charges de 80 kg en moyenne sur leurs épaules et ce, dans la bonne humeur. Entre les portraits des porteurs, le turquoise du lac, le jaune du soufre, et les fumées des émanations, le lieu est très marquant.
J’ai terminé mon périple indonésien en séjournant plusieurs jours sur les paradisiaques îles Togian. J’ai eu la chance de pouvoir aller à la rencontre des bajaus, ces nomades qui vivent dans des maisons sur pilotis, en pleine mer. Encore une fois, les rencontres ont été fortes en émotion. Les enfants m’ont particulièrement touché. Heureux de voir des étrangers, de pouvoir scander des « hello » à tue-tête, ils n’ont pas hésité à se jeter à l’eau en criant « photo, photo ! » pour attirer mon attention. Au delà des nombreuses séances photo improvisées m’ayant permis de faire un reportage bien fourni, je me suis vraiment attaché à la population et à la vie sur les Togian.
Photo (C) Julien Gérard
NP: En tant que photographe, tu as également envie de publier un livre de photos, non ?
Ce serait pour moi la consécration, l’aboutissement logique de mes voyages et de mon travail. Cela fait 4 ans que je me déplace fréquemment à l’étranger et je pense que mon regard photographique s’est enrichi de ces différentes expériences. Certains pays comme le Bénin ou le Sénégal me touchent particulièrement. Je pense d’ailleurs approfondir mon travail sur un village extraordinaire au Bénin qui n’a pas encore été traité en édition. Or pour moi, l’intérêt du partage sur ce sujet est clairement évident. Espérons qu’un éditeur partagera mon avis !
En parallèle, je réfléchis également à la création d’ebooks sur des thèmes davantage liés à la pratique de la photo.
NP: Parle nous un peu de tes projets professionnels, comment vois-tu l’avenir en tant que photographe professionnel ?
JG: Hormis mes aspirations en terme d’édition, je compte continuer à voyager comme aujourd’hui et développer le partage par le biais des conférences. J’ai toujours des projets plein la tête mais je dois faire le tri et prioriser tout ça ! Le monde de la photo m’inspire énormément. Le métier est un peu malmené par la vulgarisation du numérique. Pour se démarquer, avoir un œil, c’est bien, maîtriser la technique, c’est important, mais il faut aussi savoir se vendre et cela n’est pas toujours évident. Surtout quand on vit à Strasbourg comme moi (même si je me déplace beaucoup). C’est sans doute un avantage car il y a moins de concurrence qu’à Paris mais cela freine – peut-être – l’accès à des opportunités de plus grande envergure…
NP: Une dernière question : comment arrives-tu à tout gérer alors que tu es en déplacement à l’étranger la plupart du temps ?
JG: Effectivement, c’est parfois un peu compliqué. Je fais en sorte d’avoir un accès internet à l’étranger pour travailler le soir après mes prises de vues. J’avoue, j’ai aussi une aide précieuse à Strasbourg qui m’aide à gérer agenda et appels d’offres. Par ailleurs, je rentre quelques jours entre chaque déplacement et là je ne chôme pas. En général, je profite de mes passages sur Strasbourg pour effectuer les prises de vues commandées par mes clients alsaciens. J’ai fait le choix de ne plus faire les photos de mariage car non seulement je n’en avais plus le temps mais cela ne me correspond pas, ou plus. Pour pouvoir avancer sur mes envies d’édition, je me suis bloqué plusieurs jours à Paris après le Salon de la Photo pour aller rencontrer des éditeurs.
Il m’arrive, en prenant en photo les maisons à colombages de la Petite France à Strasbourg, de me rappeler que la veille j’étais au Bénin à une cérémonie traditionnelle vaudou ou encore à Petra en Jordanie… Et là, l’ancien ambulancier que j’étais, ne se croit pas lui-même !
Merci à Julien Gérard de s’être prêté à l’exercice. Si vous souhaitez échanger avec Julien, profitez de ses ateliers lors du prochain salon de la photo, il sera présent tous les jours sur le stand avec nous. Et pour en savoir plus sur son travail, voici tous les liens utiles :
Julien Gérard, photographe : www.juliengerard.com
La page Facebook de Julien Gérard : https://www.facebook.com/
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