Nous poursuivons cette semaine nos entretiens photos avec Bertrand ‘Enzo’ Ansel, un photographe professionnel qui a bien voulu se prêter au jeu de l’interview et nous présenter son parcours personnel. Bertrand prend donc la suite de Julien Gérard, reporter photographe, voici sa vision du petit monde de la photo qui fait son quotidien.
A la rencontre de Bertrand ‘Enzo’ Ansel
NP: en quelques mots peux-tu nous dire qui tu es, ce que tu fais, dans quel monde tu évolues ?
BA: Passionné d’images depuis toujours, je me lance dans la photographie professionnelle tardivement, à 37 ans. Pourquoi si tard ? Etant aussi un grand fan d’autos, je me suis orienté plus jeune vers une carrière d’ingénieur dans l’automobile. J’avais gardé la photo comme passion, pour moi, pour ma famille et mes amis… Et ce sont des amis très proches qui m’auront mis le pied à l’étrier, en me faisant confiance pour leur reportage de mariage il y a quelques années.
Petit à petit, j’ai ressenti l’envie d’aller plus loin, au point de me déclarer photographe auto-entrepreneur il y a quelques mois, en complément de mon travail devenu plus « alimentaire ». On ne change pas d’orientation très brutalement quand on a une famille à nourrir, une maison à payer… C’est aussi un cheminement personnel, avec l’âge : l’envie de se réaliser plus pleinement, en apportant ma petite part de création à ce monde, en me donnant les moyens de faire ce que je qualifiais encore récemment de « méritant » : apporter quelque chose à ceux que je croise… par exemple en témoignant de leurs bonheurs, de leurs « grands moments » !
NP: Parle nous un peu de ton parcours photo, comment es-tu venu à t’y intéresser, qu’est-ce qui te motive, te pousse à aller toujours plus loin ?
BA: Mon 1 er appareil photo (à 7 ans, un Kodak Instamatic !) était déjà pour moi une sorte de concrétisation… J’ai toujours eu un œil qui traîne : sur le bord d’un chemin pour immortaliser ce joli papillon, au cours des grands évènements de la vie, pour témoigner de l’émotion d’un copain qui fête son anniversaire, ou pour rendre éternel les 1ers regards de mes enfants sur le monde…
Et puis, comme je l’ai dit, un beau jour de 2008, de grands amis m’ont investi de cette mission : faire (toutes) leurs photos de mariage, tout seul… glups, me dis-je alors. Mais ce fut une révélation : j’ai pris un plaisir immense à être leur reporter, leur témoin en images… et puis ce furent un, deux, quelques autres amis qui ont fait appel à moi et qui ont apprécié mon travail. Tout cela m’a décidé à me professionnaliser, en quelque sorte à me réaliser. Aujourd’hui, je viens de faire le reportage d’un « salon » du livre original, puisqu’il propose aux lecteurs de rencontrer leurs auteurs préférés à la terrasse de cafés, à Vendôme. Encore une fois, derrière la réalisation de photos, il y a la rencontre, les émotions… Voilà ce qui me motive et me pousse à aller toujours plus loin.
NP: Quelles sont tes références en photographie, tes photographes préférés ?
BA: Si j’ai pu être marqué par de grands « saisisseurs de lumière » comme Philip Plisson, ma préférence va nettement aux photographes de reportage, et parmi eux aux humanistes, comme Willy Ronis, Robert Doisneau ou Ara Güler. Sans pouvoir nommer chaque photographe, les galeries de la WPJA et le blog photo « Lens » du New York Times sont aussi des rendez-vous incontournables pour moi.
NP: Tu réponds aux commandes de tes clients, arrives-tu à développer en parallèle une démarche personnelle, à la publier ?
BA: J’ai commencé par une démarche personnelle, entretenue depuis plus de 3 ans sur mon photoblog. Il est certain qu’aujourd’hui, entre ma vie de famille, mon métier alimentaire et mes nouvelles commandes, il me reste moins de temps pour « flâner »… mais il y a toujours autour de nous une occasion, une image, à saisir. L’œil est né comme ça, et il reste ouvert, attentif et curieux en permanence.
NP: Parle nous un peu de tes projets professionnels, comment vois-tu l’avenir en tant que photographe professionnel ?
BA: Depuis quelques années, avec l’intention de me lancer, je lis beaucoup, j’écoute beaucoup et participe à des rencontres, débats (comme par exemple ceux organisés lors du Salon de la Photo à Paris)… et je vois bien que le métier change beaucoup, dans un contexte plutôt difficile et, bien que l’on parle d’art, concurrentiel. Aujourd’hui, je me lance dans la profession avec, d’une certaine manière, la facilité de le faire exclusivement pour le plaisir. Je reste prudent et ne peut que difficilement parier sur l’avenir, mais je crois qu’il y a une place pour chacun. Et je ne souhaite que développer mes projets de portraits, de reportage humaniste, proche de ceux que je croise, petit à petit… Avec bien sûr l’espoir secret d’un jour, trouver l’équilibre (financier) suffisant pour devenir photographe à plein temps !
Merci à Bertrand pour ce témoignage qui illustre comment, avec un peu de volonté et (beaucoup de) courage, il est possible de valoriser sa passion pour la photo.
Vous pouvez poser des questions à Betrand en laissant un commentaire ou lui rendre visite, voici de quoi en savoir plus :
- le site de Bertrand ‘Enzo’ Ansel : www.enzographe.com
- la page Facebook de Bertrand ‘Enzo’ Ansel : http://www.facebook.com/
Bertrand.Ansel.Photo
Photos (C) Bertrand ‘Enzo’ Ansel
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Interview très interssant … je reconnais bien LE Bertrand dans ces mots et dans ses images ! Bonne chance !