« Le regard cinéma en photographie » est un livre de Gildas Lepetit-Castel dans lequel il développe une approche intéressante de la pratique photographique en la comparant à la pratique cinématographique.
Préparez-vous à fouiller dans vos souvenirs : ils pourraient bien vous aider à développer une pratique photographique plus personnelle.
Le regard cinéma en photographie, présentation du livre
Gildas Lepetit-Castel n’en est pas à son premier essai en matière de livres. Après deux ouvrages de la collection Les Secrets de … (Les secrets de la photo de rue et Les secrets de la photo argentique), puis une de mes références sous le titre L’inspiration en photographie, il nous revient avec un ouvrage très original.
Le principe en est simple : Gildas vous invite à en appeler à vos souvenirs cinématographiques pour trouver l’inspiration en fonction de ce qui vous touche.
Ce qui peut paraître abstrait dit ainsi est pourtant très concret : vous aimez le cinéma ? Des films vous ont marqué(e) ? Qu’en avez-vous retenu ? Qu’est-ce qui vous a touché et que vous pouvez apporter à vos photographies ?
Pourquoi un parallèle entre cinéma et photographie ?
Vous n’avez pas besoin d’un livre pour savoir que le cinéma utilise des images animées, alors que la photographie se limite aux images fixes. Mais vous aurez besoin du livre pour réaliser et comprendre pourquoi l’image fixe possède aussi la capacité d’animer les pensées de ceux qui regardent vos photos.
En effet, cinéma comme photographie mettent en scène et en lumière des instants, des détails, des mouvements que vous avez vus et que d’autres n’auraient pas vus au même moment et au même endroit.
Dans le monde du cinéma, d’ailleurs, de nombreux chefs opérateurs sont également photographes. D’autres, à l’instar du réalisateur Alain Resnais, utilisent la photographie comme outil de repérage avant de tourner.
Comment utiliser ce livre ?
Les films et les images qui ont marqué votre enfance, si vous prenez la peine d’y repenser et de les noter, reviendront à votre esprit lorsque vous cadrerez ou composerez vos photos.
En termes de narration, le cinéma peut aussi vous venir en aide. Les histoires que vous aimez, la façon de les raconter, l’enchaînement des séquences, … en photographie comme au cinéma, c’est l’histoire qui compte.
Le message de Gildas Lepetit-Castel est alors clair : repensez à tout ce qui vous attire dans vos films préférés, et appliquez tout ce que vous identifiez ainsi à votre pratique photo.
Vous voulez un exemple ? J’aime toujours autant les films d’Audiard, en noir et blanc, ce langage de la rue, ces répliques mythiques. Que puis-je en tirer pour ma photographie ? Je peux (et je le fais) photographier en noir et blanc des scènes du quotidien, tout en y intégrant cette petite touche d’humour capable de vous faire sourire, même si la scène que j’observe n’est pas nécessairement comique.
Vous trouverez dans le livre de nombreux exemples de photographes tirant leur inspiration du cinéma, parmi lesquels Bernard Plossu, Gregory Crewdson, Raymond Depardon, Robert Frank, Todd Hido, Gueorgui Pinkhassov …
Qu’allez-vous apprendre ?
Parce que réaliser est une chose mais apprendre et mettre en œuvre en est une autre, sachez que Gildas Lepetit-Castel est aussi enseignant en photographie à l’École Supérieure des Métiers d’Art d’Arras. Il est bien placé pour traduire en notions concrètes ce que vous devez retenir.
Voici quelques chapitres du livre qui vous aideront à adapter votre pratique photographique en intégrant une pensée cinématographique :
- comment choisir le ratio des images dans un projet photo, surtout s’il y a deux ratios
- comment jouer avec le champ et le hors champ
- quels angles de vue choisir selon l’émotion attendue
- comment utiliser la prise de vue en plongée pour renforcer l’aspect dramatique de l’image
- quelle narration pour quels sujets
- comment organiser votre prise de vue pour raconter en images (« du fragment au récit »)
Vous découvrirez par exemple comment associer deux images d’un même sujet, composées de points de vue différents, pour créer un effet de zoom qui peut bien fonctionner.
Enfin, la dernière partie du livre propose plusieurs interviews d’auteurs, vous permettant de comprendre comment ces experts du cinéma mettent en pratique les enseignements du livre dans leur travail photographique.
Mon avis sur « Le regard cinéma en photographie »
Je ne vous cache pas que j’apprécie les idées de Gildas Lepetit-Castel, surtout lorsqu’il s’agit de penser inspiration plutôt que technique pure. J’ai donc parcouru ce livre avec plaisir, d’autant plus qu’il est unique, je ne connais pas d’autre ouvrage traitant du même sujet.
Bien qu’il ne s’agisse en rien d’un guide pratique de photographie, Gildas a choisi un enchaînement logique des chapitres qui vous permet de considérer votre matériel et votre pratique dans leur ensemble. De l’équipement au post-traitement, en passant par le cadrage, la composition, la lumière et la forme de l’image, tout est là pour vous aider à établir un lien entre cinéma et photographie.
Le chapitre 2 (l’équipement au service du regard) initie ce déroulé, les notions que vous connaissez peut-être par ailleurs y sont replacées dans le contexte « image » plus que « technique ». J’aurais apprécié plus d’encarts jaunes, ces blocs visuels qui relient matériel, vision et récit. Mais je chipote.
Sachez que pour vous procurer un exemplaire du livre, il vous en coûtera 26 euros, soit guère plus que le tarif de deux places de cinéma dans le multiplex du coin. Soyez rassuré(e) : ce sera un investissement judicieux si vous appréciez le septième art et la photographie.
Les éditions Eyrolles ont opté pour un papier de qualité, une maquette très lisible enrichie de photos et d’illustrations, et une belle couverture, le tout imprimé en Europe, ce qui est une excellente initiative.
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