Derrière chaque photographe se cache un parcours, des pratiques, une méthode d’approche et de travail en photographie. Vous aimeriez en savoir plus sur les photographes pros dont vous appréciez les photos ? Voici le parcours de Denis Dubesset, photographe, auteur et amoureux de la nature.
J’ai eu plusieurs fois l’occasion de rencontrer Denis Dubesset et d’échanger avec lui. Nous avions même animé une conférence en commun lors du Salon de la photo 2019. Bien que n’étant pas photographe naturaliste moi-même, j’apprécie les photos de Denis, tout comme ses livres, et en particulier celui qui n’est jamais bien loin de mon bureau et m’a permis de travailler sur mon style en photographie.
Plutôt que de vous faire un long discours sur Denis, j’ai préféré lui laisser la parole : un questionnaire personnalisé, des réponses en toute transparence, voici l’interview de Denis Dubesset photographe pour Nikon Passion !
Pour commencer, peux-tu te présenter : qui est Denis Dubesset, quelle est ton activité et à qui tu t’adresses ?
J’ai 44 ans, j’habite dans le Var en Provence et je suis passionné de photographie depuis 2008 (photographe professionnel depuis 2012).
Mon activité est multiple :
- je propose mes services de photographe de reportage,
- j’expose mon travail personnel lorsque j’en ai l’occasion,
- je suis rédacteur occasionnel dans la presse spécialisée,
- je tiens un blog sur la photographie dans lequel j’aborde les thèmes qui m’intéressent le plus (www.33iso.com),
- je suis formateur
- et j’ai publié cinq livres aux éditions Eyrolles.
Les thèmes de mes ouvrages sont le cadrage, la photographie rapprochée, le minimalisme et le style en photographie. J’ai eu la chance que tous ces ouvrages soient traduits et diffusés dans divers pays d’Europe (Allemagne, Espagne, Italie), mais aussi au Brésil.
Enfin, je tiens parfois des conférences dont les thèmes sont liés aux livres que j’ai écrits.
Comment t’es venu cet intérêt pour la photo nature ?
C’est venu tout simplement.
Depuis mon enfance, l’environnement dans lequel j’évolue est naturel. Je n’ai jamais vraiment habité en milieu urbain ou seulement de manière ponctuelle. Depuis toujours, je suis observateur et contemplatif.
C’est principalement pour cette raison que la photographie a été une révélation pour moi : je pouvais donner un support à ma personnalité. C’est instinctivement que j’ai pointé mon objectif vers ce qui me passionnait le plus : la Nature.
Le fil rouge qui lie mon travail est d’ailleurs le regard que pose l’humanité sur la nature et la manière qu’il a de la respecter, de la transformer ou de la détruire.
photo (C) Denis Dubesset
Tu t’es aussi spécialisé dans la photo macro et la photo minimaliste (avec en toile de fond la nature). Pourquoi ? Comment ?
Initialement, lorsque je me suis intéressé à la photo, j’ai été captivé (et je le suis toujours) par la possibilité de me servir de l’optique de l’appareil photo pour observer les détails qui nous entourent.
Des détails qui sont parfois peu visibles à l’œil nu et qui échappent au regard des autres. Au départ, j’utilisais mon appareil un peu comme une loupe, pour voir la nature en gros plan, puis c’est devenu une véritable fascination.
D’abord, je me suis spécialisé dans la photo de petits animaux et progressivement, j’ai traité aussi d’autres sujets (végétaux, eau et même la lumière elle-même). À force de voir la nature en gros plan, j’ai pris goût aux formes simples et graphiques. J’ai commencé à opter pour des compositions qui suggèrent les choses plus qu’elles ne montrent.
C’est grâce à la macro que j’ai commencé à m’intéresser à la photographie minimaliste et à devenir de plus en plus créatif. Par la suite, j’ai souhaité transposer cette esthétique vers la photo dite « classique ». Par exemple, il est généralement admis que les compositions de paysage doivent fourmiller de détails alors que moi, je recherche constamment à utiliser le moins de motifs possible.
photo (C) Denis Dubesset
Comment prépares-tu une sortie photo ? As-tu toujours un objectif macro avec toi ? Même si tu cherches à faire de la photo minimaliste ?
Dans les premiers temps, je voulais que mon sujet apparaisse le plus nettement possible sur mes clichés dans la droite lignée de l’école naturaliste (afin de déterminer l’espèce animale ou l’essence végétale photographiée).
Mais après quelques années, mes préoccupations ont donc changé. Je me sentais encombré par la quantité de matériel que j’emportais avec moi (trépieds, éclairages artificiels, diffuseurs…). En même temps que mes goûts esthétiques ont évolué vers des compositions épurées, j’ai allégé mon matériel.
Maintenant, il est très fréquent que je n’emporte avec moi que mon boitier (Nikon bien sûr) et mon objectif photo. J’aime bien le sigma 150 mm macro pour sa longueur focale me permettant d’obtenir de beaux flous sans faire de concessions sur le piqué de l’image.
J’emporte parfois plus de matériel (bagues allonge, trépied, lampe led), mais lorsque je le fais, j’essaie d’être peu encombré pour ne pas interférer sur ma liberté de mouvement. J’aime en effet prendre des positions un peu alambiquées pour obtenir des angles de vue atypiques.
Du coup, comment se déroule une sortie photo ?
Je ne vais pas toujours au même endroit. Selon les moments de l’année, la nature nous offre différents spectacles. En macro, la saison chaude (à partir du printemps) est évidemment plus généreuse, car on rencontre dans la nature énormément de sujets, mais en hiver, j’essaie de sortir de temps en temps afin de traiter des thèmes différents. Les formes végétales, la glace, les mousses ou les champignons sont autant de sujets fascinants.
Lors de mes sorties, j’ai parfois une idée en tête (sujet spécifique), mais bien souvent, je me laisse guider par ce que je rencontre. Il n’y a pas de règle. Parfois, au bout de quelques mètres je trouve quelque chose d’intéressant. D’autres fois, je marche longtemps avant de rencontrer un détail qui m’interpelle.
photo (C) Denis Dubesset
Comment trouves-tu l’inspiration ?
Ce n’est pas forcément simple de répondre à cette question. L’inspiration est quelquefois généreuse, tandis qu’elle nous délaisse à certains moments. C’est évidemment la nature qui m’inspire et je ne fais que « cadrer au bon endroit ».
Il arrive que nous ayons l’impression de faire toujours un peu les mêmes images et puis un déclic se produit et nous faisons une découverte qui change notre perception des choses. C’est alors tout un nouveau monde qui s’ouvre à nous.
Dans mon livre « les secrets de la macro créative 2ᵉ édition » je donne le maximum d’astuces et d’exemples pour ne pas être en panne d’idée. Je fais un tour d’horizon d’un maximum de sujets en expliquant à chaque fois les différentes façons d’aborder chaque sujet.
Qu’est-ce qui est important pour toi dans le rendu final de tes photos ? Une impression ? Un style ? Une ambiance ? … Tu as d’ailleurs écrit un livre sur le sujet.
J’essaie de prendre des clichés dans lesquels les spectateurs vont avoir envie d’entrer et de projeter leur imaginaire.
Cela passe souvent par la recherche d’une atmosphère, d’une lumière singulière. Je revendique une filiation (en toute humilité bien sûr) avec les peintres impressionnistes, mais aussi les estampes des peintres asiatiques Hiroshige ou Hokusai ou encore les « peintres chinois de la voie excentrique ».
Mes clichés seraient un peu un mixte entre ces courants. Lors d’expositions, mes images provoquent parfois un questionnement. S’agit-il de photo ou de peinture ? Bien que je ne la recherche pas, cette ambiguïté ne me gêne pas.
photo (C) Denis Dubesset
Parle-nous de tes projets personnels et de ton actualité, quels sont-ils ? Comment tu y travailles ? Un projet de livre ?
Je suis en train d’écrire un livre d’un nouveau genre, toujours sur l’apprentissage de la photographie. Je suis désolé de ne pas pouvoir en dire plus, mais pour l’instant ce n’est pas encore assez abouti pour en exposer les détails (mars 2023). J’espère arriver au bout de ce projet d’ici à la fin de l’année.
J’ai aussi finalisé un ouvrage intitulé « Contes et légendes de Bord de mer ». Dans ce travail, je suis parti d’un projet dont le thème était le bord de mer. À partir des photographies que j’ai pu faire, j’ai ensuite imaginé des histoires. Les textes viennent donc illustrer les photos plutôt que l’inverse.
Je suis également en train de monter une exposition dans le cadre de l’événement Art et Vin. J’indiquerai le lieu prochainement sur les réseaux sociaux.
Pour finir, où peut-on te trouver pour en savoir plus sur toi ? Site web ? Réseau social ?
Pour toute demande sur mes livres, pour une formation, un conseil ou autre, vous pouvez me suivre :
- sur mon blog www.33iso.com
- sur Instagram
- sur Facebook
Enfin mon site internet de photographe est https://www.denisdubesset.com/
Merci à Denis d’avoir bien voulu jouer le jeu de l’interview.
Si vous avez aimé cette interview, vous aimerez aussi celles de Christophe Audebert, d’Eric Forey et de Gildas Lepetit-castel.
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J’ai eu l’impression, en lisant ce question/réponse, de me reconnaître par moment, car en soixante ans de photographe amateur, mes passsions photographiques (fleurs, insectes, astronomie proche), se rapprochent des siennes, mais je me sens bien incapable de l’imiter en écrivant des livres sur ces sujets ! D’ailleurs, je ne lui arriverais même pas à la cheville… à mon humble avis. Je dis bravo pour ce qu’il a fait, fait et fera. Ce fut un réel plaisir de lire cet article !
Merci Jean-Christophe d’avoir répondu (de façon indirecte) à ma question (que je t’ai posé en réponse à un de tes mails) sur la photo minimaliste et de me faire connaitre ce photographe qui correspond tout à fait à ce que je recherche.
Je vais me rapprocher de son travail.
As-tu connaissance de formation en Vidéo comme tu sais ci bien les faire ?
Cordialement
Bernard
Malheureusement non, pas à ce jour.
Très intéressant. Un vrai passionné.
Merci pour cette interview
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