« HDR Extrêmes » est un ouvrage de David Nightingale paru aux Editions Pearson.
Comme à son habitude, David Nightingale nous livre un ouvrage clair, complet et très bien illustré. Toutes les différentes étapes de la réalisation des exemples de photos HDR sont détaillées. Cet auteur que nous connaissons bien à travers son travail d’auteur est formateur à la Perfect Picture School of Photography aux USA et créateur de Chromasia.
Introduction au HDR
La photographie à plage dynamique étendue (High Dynamic Range) recueille autant d’adeptes que de détracteurs. Il est vrai que sous le terme photo HDR, on trouve le meilleur et le pire. Danger d’une pratique à la mode, elle inonde systématiquement certains sites, jusqu’à l’écoeurement. Vous n’aimez ni les ciels violets ni les vaches bleues ? Moi non plus. De là à rejeter totalement cette technique, il y a une nuance. Utilisée judicieusement, peut-elle nous ouvrir la porte sur des photos qui n’auraient pu être obtenues sans elle ?
Pour rejeter ou adopter, il faut connaître. J’ai voulu faire cette démarche pour forger mon opinion. Le livre de David Nightingale m’a servi de guide. Voici donc une note de lecture des plus détaillées pour un ouvrage qui le vaut bien.
Qu’est-ce que le HDR ?
On oppose souvent et à juste titre, les capacités de l’œil humain à celles du capteur de nos APN . Bonne nouvelle, c’est l’œil le grand vainqueur… dans la majorité des cas. Qui n’a pas été déçu par la photo d’un paysage qui nous avait émerveillés par ses couleurs, ses contrastes, et qui se révèle photographiquement fade et sans aucun intérêt ? À la prise de vue ou au post-traitement, des corrections sont possibles, mais les débutants photographes peuvent êtres rebutés si on ne leur donne pas les armes qui conviennent.
Dès 1856, Gustave Le Gray utilise la technique des « ciels rapportés » pour sa célèbre série de Marines. À l’époque, il était impossible de prendre le ciel et le paysage en même temps, en raison des différences de luminosité entre les deux que les photos ne pouvaient pas transcrire. Gustave Le Gray a imaginé une technique où ciel et paysage figuraient sur deux négatifs différents ; le tirage était effectué en deux temps. Il obtenait ainsi des ciels dramatiques qui donnaient de l’intensité à ses photos.
Plus tard, Charles Wyckroff mit au point un film à large plage dynamique qu’il utilisa lors d’essais nucléaires en 1940.
La dénomination HDR date de 1985.
Un peu de technique HDR
La plage dynamique, c’est le rapport entre les zones les plus claires et les zones les plus sombres d’une scène. C’est cela que notre œil capte sans problème, contrairement à nos capteurs.
Ce rapport est mesuré en IL : Indice de Lumination.
Les perceptions peuvent se chiffrer ainsi :
- œil = 10 à 14 IL pour une scène, et jusqu’à 24IL compte tenu des adaptations à différents niveaux de luminosité ;
- capteur = 5 à 9 IL.
Si le contraste est très élevé, une photo pourra toujours avoir des zones sur ou sous-exposées, voire les deux. On peut utiliser un coup de flash pour déboucher une ombre – technique du fill-in – ou un filtre gris pour assombrir une partie claire. Ces artifices sont là pour pallier la faiblesse de nos capteurs face à une plage dynamique trop importante.
La photo HDR consiste à prendre plusieurs clichés d’une même scène avec des réglages différents et à combiner ces clichés dans un logiciel de fusion HDR.
Flux de production HDR
David Nightingale nous propose le flux de production HDR suivant :
- Prise de vue d’images bracketées ;
- Création d’un fichier HDR 32 bits à partir de ces images ;
- Distribution tonale en fichier LDR 8 ou 16 bits ;
- Postproduction.
La prise de vue sera très soigneuse. Un pied est fortement recommandé. À défaut, une excellente stabilité de l’appareil, posé, suffira. L’alignement des photos doit être précis.
Les différents clichés seront pris avec des vitesses d’obturation différentes et une ouverture constante. La variation de la profondeur de champ d’une photo à l’autre génèrerait des zones floues. La variation de la sensibilité apporterait un bruit du plus mauvais effet. Le pare-soleil est très important pour éviter des phénomènes de flare et de halos.
La mesure de la plage dynamique de la scène à photographier est une étape primordiale. Il faut préserver les détails dans les zones extrêmes. Les mesures seront prises avec une cellule ou avec la mesure spot de l’appareil sur les zones les plus claires et les plus foncées. On obtient l’écart de n IL entre les deux, et on prend les photos intermédiaires avec un écart de 1 ou 2 IL.
L’histogramme est la référence la plus fiable. Il permet de voir s’il n’y a pas un écrêtage apportant une perte de détails dans les tons foncés/clairs.
Les logiciels HDR
Il existe un certain nombre de logiciels de fusion HDR spécifiques : EasyHDR, Hydra, Dynamic PHOTO HDR parmi d’autres.
David Nightingale a pris le parti de nous en décortiquer trois :
- Photoshop CS4 (ou versions ultérieures) ;
- Photomatix Pro ;
- FDRTools Advanced.
Ces logiciels sont téléchargeables en version d’essai. Ils ont tous trois des qualités et des défauts. Selon l’utilisation et le type de photos à traiter, le choix se portera plus volontiers sur l’un ou l’autre…voire plusieurs.
La fusion HDR génère des photos en 32 bits. Le tone mapping, ou distribution tonale de cette image nécessite une compression de cette photo HDR en un fichier de 16 ou 8 bits. David Nightingale nous présente, pas à pas, les trois logiciels cités plus haut. Pour chacun, avec des exemples adaptés aux qualités des logiciels, il nous démontre les étapes et distingue et oppose deux aspects de la photo HDR :
- les images photoréalistes ;
- les images hyperréalistes.
Sa méthode de présentation rend totalement compréhensible l’obtention d’images HDR. Ce livre peut se lire en utilisant ses propres images pour appliquer les étapes successives et se faire une idée des capacités des logiciels en fonction des résultats souhaités. Images de la prise de vue, copies d’écran, exemples de réglages et résultats obtenus illustrent son propos.
Voici comment télécharger les logiciels cités dans cet article.
Postproduction HDR
La dernière partie du livre concerne la postproduction de ces images. Cette étape est indispensable quand on voit le résultat de la distribution tonale d’une image :
- la suppression du bruit est essentielle, et l’auteur propose des solutions pour que le bruit soit évité dès la prise de vue (bracketer en couvrant toute la plage tonale de l’image). PhotoShop, avec des plug-ins comme Noise Ninja ou Noiseware Professional agira en postproduction ;
- la suppression des halos, présents plus particulièrement sur les objets sur fond clair, avec l’outil Tampon de duplication de Photoshop ;
- l’amélioration du contraste. L’image générée par les différents logiciels paraît très estompée, elle manque cruellement de contraste. L’outil Courbes de Photoshop est très complet pour y remédier.
Il est également possible d’obtenir un effet HDR avec une seule exposition.
Tout fichier RAW peut être traité avec ces logiciels de distribution tonale.
Cela permet :
- d’obtenir un effet HDR ;
- d’unifier la plage tonale ;
- d’appliquer cette méthode sur une photo avec un sujet en mouvement.
Une galerie de photos ponctue chaque chapitre du livre.
Quelques tests HDR
J’ai procédé à quelques essais en téléchargeant Photomatix Pro et FDRTools, dans leurs versions d’essai, meilleur moyen de se faire une idée. Je n’ai pas pu tester le HDR sur Photoshop. Je ne suis toujours pas convaincue par le rendu HDR en photo hyper réaliste… c’est une question de goût. Mais je dois avouer que le rendu photoréaliste est très intéressant. On peut s’amuser à explorer les diverses possibilités qui nous sont offertes. La manipulation de ces logiciels est toujours instructive.
Je vous présente quelques exemples de photos réalisées avec ces logiciels.
Je les ai découverts au fur et à mesure, et c’est un travail de débutante. Je me suis heurtée à de gros problèmes de plantage de mon ordinateur qui m’ont retardée, le temps de découvrir qu’un fichier corrompu par un de ces logiciels était la cause de ces désagréments. Soyez donc prévenus si la mésaventure vous arrive aussi.
Le RAW avant traitement, ouvert dans Capture NX2
Capture NX2 est plus laborieux que Lightroom 3 en ce qui concerne les zones claires.
Avec Photomatix Revelator
Avec Photomatix pseudo HDR (une seule image traitée en Tone Mapping)
David Nightingale nous met en garde : il n’est pas dit que la photo que l’on voudra traiter aura le résultat escompté. Un logiciel sera peut-être plus adapté qu’un autre. Il considère que Photomatix Pro est le plus complet en ce qui concerne la fusion HDR, mais si les conditions d’éclairage sont chaotiques, le logiciel génèrera des halos autour de certains objets. Photoshop ou FDR Tools s’en sortiront mieux dans ces cas particuliers. De la même façon, FDR gère mieux les images où il y a des sujets en mouvement. Le chapitre sur l’aspect photoréaliste m’a interpelée. Jusque-là, je pensais que le HDR ne consistait qu’à produire des photos éloignées de la réalité, plus proches de la peinture et avec une certaine liberté dans le rendu des couleurs à laquelle je n’adhérais pas forcément. Les images « signées » HDR n’ont pas ma préférence. L’association HDR + réalisme était d’autant plus incongrue pour moi.
La différence entre les deux styles de HDR est une question de méthode de distribution tonale, certains paramètres donnant une photo hyperréaliste, d’autres donnant une image photoréaliste. Entre les deux, toute une gamme existe. Une même image pourra donc être traitée soit d’une façon, soit de l’autre, avec tous les intermédiaires possibles.
Voici un essai raté d’image que j’ai voulu photoréaliste. J’ai pris ce que j’avais sous la main : une vieille chaussure (clin d’œil à une photo de David N.) et une vieille brouette, sous la pluie : c’est tout ce que j’avais sous la main comme météo.
Photo originale avec Lightroom 3
Photo avec Capture NX2
RAW avant traitement
Avec FDR Tools Compressor
Conclusion
Si vous voulez vous lancer dans la photo à grande plage dynamique, ou simplement la découvrir, le livre de David Nightingale est un excellent moyen de découvrir cette technique. L’auteur va droit au but, il a sélectionné des logiciels qu’il nous est possible de tester, et il nous les explique, les compare, et retient leurs points positifs et négatifs. Selon le type de photo, l’un sera plus adapté que l’autre.
Il faut bien maîtriser ces logiciels pour obtenir des résultats satisfaisants, et je dois avouer que j’ai pris goût à l’expérience, bien que mes essais laissent à désirer. Les photos du livre sont très belles, et bien que pas toutes à mon goût, il y en a certaines que j’aurais aimé avoir faites.
Pour finir, je dirais : la photo HDR, oui… avec modération.
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