L’art du photographe est un livre de Bruce Barnbaum, photographe et formateur américain spécialisé dans la photographie de paysage et d’architecture.
A mi-chemin entre guide pratique et beau livre de photographie, cet ouvrage imposant est illustré de près de 200 photographies qui permettent à l’auteur de développer son sujet. Une nouvelle approche de la photographie que j’ai particulièrement appréciée.
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L’art du photographe, chronique du livre de Bruce Barnbaum
Parmi les livres traitant de la photographie je distingue deux catégories : les guides pratiques (par exemple la série Les Secrets de …) et les Beaux Livres de Photographie (par exemple 6 beaux livres de photographie).
Les uns vous présentent des informations vous aidant à développer votre maîtrise du matériel et de la prise de vue tandis que les autres sont des recueils de photographies proposés par des auteurs photographes.
Quand j’ai reçu le livre L’art du photographe de Bruce Barnbaum, j’ai tout de suite pensé au Beau Livre. Un ouvrage imposant, de nombreuses et très belles photos, une « classe » qui n’est pas le propre des guides pratiques même si certains sont de beau objets.
En ouvrant le livre pour en prendre connaissance (je fais toujours cela au début, pendant quelques jours), j’ai fait un autre constat : il était question d’apprentissage. Avec de belles photos, mais des notions concrètes de photo.
En lisant ce livre avec plus d’attention, afin de préparer cette chronique, j’ai fait un autre constat encore : l’art du photographe de Bruce Barnbaum est autre chose. Un subtil mélange des deux catégories ci-dessus.
Ce n’est pas un guide pratique, au sens premier du terme. Ce n’est pas un Beau Livre de photographie non plus puisqu’il y est question d’apprentissage.
C’est un livre dans lequel, grâce à ses photos mais aussi son expérience, l’auteur utilise en permanence l’opposition entre technique et art pour nous montrer qu’au final ce n’est ni l’un ni l’autre qui sont importants, c’est ce que vous avez envie de représenter au travers de vos images.
Il s’agit d’un ouvrage qui rompt avec la notion de catégorie, et comme au final je me moque un peu des catégories, l’important est le message.
Communiquer par la photographie, l’avis de Bruce Barnbaum
Comment ne pas être d’accord avec Bruce Barnbaum quand il nous dit « Une photographie dit tout. Inutile d’y rajouter quoi que ce soit. »En introduction, Bruce Barnbaum nous livre une thèse bien personnelle.
En tant qu’outil de communication non verbale, la photographie permet au photographe de transmettre sa vision au spectateur. Elle transmet son message quand bien même son auteur n’est pas présent.
J’aime particulièrement cette question :
Quelles réactions suscitent vos centres d’intérêt, et comment les traduire photographiquement ? »
S’en suit un exposé sur la passion, censée être à la base de votre pratique, et les réactions qui doivent être les vôtres pour traduire vos sentiments en images.
Loin d’être le discours philosophique auquel nous pourrions nous attendre, cette première partie du guide se veut plutôt un guide de questionnement personnel. Et ça fait drôlement du bien de s’éloigner de la technique pour en revenir aux fondamentaux : qu’est-ce qui fait que nous photographions et que cherchons nous à montrer ?
Parce que la composante « apprentissage » n’est jamais très loin, Bruce Barnbaum ne passe pas à côté de la notion de composition, vous pousse à vous intéresser à votre façon de voir et d’exprimer votre point de vue. Là-aussi une approche décalée qui s’avère très pertinente.
Les photos d’illustration servent à l’auteur à expliquer :
- pourquoi il n’a pas cherché à renforcer les ombres sur cette photo d’un parc parce que la composition s’appuie sur les tons moyens,
- pourquoi il n’a pas éclairci le ciel de cette autre image au ciel gris prédominant,
- pourquoi un contraste élevé guide le regard,
- comment un arbre déraciné peut créer un mouvement puissant dans la composition de la photo page 33,
- …
Cette section du livre est une des plus intéressantes : s’appuyant sur autant d’exemples puisés dans sa propre collection, l’auteur détaille sa démarche. Pourquoi il a fait ses photos, avec quelle idée en tête et qu’est-ce qui l’a attiré ? Les amateurs de paysages en noir et blanc ne verront plus la nature de la même façon.
C’est aussi ici que vous apprendrez à intégrer dans votre démarche des notions comme la profondeur de champ ou la focale, sans qu’il ne s’agisse jamais de rentrer dans le détail de notions techniques. Ces outils sont là pour servir votre démarche, sachez les identifier et les utiliser, c’est le message.
La vision, concept philosophique ou rapport de communication ?
La réponse à la question tient en une phrase :
« Nous montrons nos images à d’autres, dont nous attendons une réaction en retour. Cette simple constatation confirme que nous sommes bien dans un rapport de communication. »
Cette seconde partie du livre vous permet d’appréhender les cinq notions relatives à la vision du photographe, un concept cher à Michael Freeman aussi :
- regarder et voir de manière photographique,
- composer une image,
- imaginer la photo finale,
- suggérer une technique à ceux qui rencontrent des difficultés à imaginer la photo finale,
- établir une stratégie pour établir l’image finale.
La lumière
Cette phrase à elle-seule donne le ton de cette nouvelle partie :
La lumière doit être envisagée comme un moyen pour le photographe de guider l’œil du spectateur sur l’image.
Découvrez comment chercher la lumière, en apprécier la qualité, et aussi pourquoi la lumière perçue par votre œil n’est pas celle que voit votre capteur ou votre film.
Cette prise de conscience devrait vous aider à penser « sensations » plus que « scène », et à attirer le spectateur autrement. Les exercices proposés page 82 vous y aideront.
La couleur, parce que c’est un concept aussi
Vous savez ce qu’est la couleur, et vous savez qu’elle se gère dès la prise de vue comme en post-traitement. Mais avez-vous conscience que la couleur est un élément déterminant de la composition ?
C’est l’objet de cette section que d’entrer dans le détail. Depuis l’argentique, un domaine cher à l’auteur, jusqu’au numérique, la gestion de la couleur a bien changé.
Réfléchissons donc un peu encore : pourquoi vous photographiez en couleur ou en noir et blanc ? Pourquoi ne changez-vous jamais si c’est le cas ?
Grâce à quelques photos présentées en couleur et en noir et blanc, découvrez ce que vous pouvez espérer produire vous-aussi. Et essayez.
Mais aussi …
Bruce Barnbaum a longtemps vécu la photographie sous le signe de l’argentique, il est passé au numérique pour la couleur uniquement, fidèle à ses films pour le noir et blanc.
Dans une longue partie, un bon tiers du livre, il développe différents concepts qui nous viennent de l’argentique et qu’il est possible d’appliquer au numérique.
Pour l’argentique citons le zone system avec les négatifs noir et blanc (chapitres 8 et 9), le tirage (chapitre 10) dont la numérisation des négatifs.
Pour le numérique c’est au chapitre 11 que vous trouverez comment utiliser le zone system et comment convertir vos fichiers RAW, comment retoucher vos images avec les les outils numériques (chapitre 12) pour leur donner le rendu souhaité.
Le chapitre 13 m’a particulièrement intéressé puisqu’il y est question du choix entre argentique et numérique. Cela ne va pas intéresser tout le monde, mais pour qui a connu la période argentique, il y a matière à réfléchir à notre pratique actuelle aussi.
Dépasser les mythes photographiques
S’il y a un chapitre du livre à garder en tête c’est bien celui-ci.
« Un certain nombre d’idées manifestement erronées perdurent encore aujourd’hui, certains mythes doivent être dépassés car ils entraînent souvent les photographes dans la mauvaise direction ».
Attention, amateurs d’idées reçues et de contre-vérités, vous pourriez tomber de haut. Dix mythes photographiques sont analysés avec pertinence pour vous montrer que les idées reçues, parfois, ne sont pas toutes à gober.
Si plusieurs concernent l’argentique, le numérique n’est pas en reste, mais la trame de fond est bien la déconstruction de croyances comme le fait de vouloir à tout prix respecter les règles de composition (mythe numéro 10), un sujet que j’ai traité dans une vidéo ayant entraîné bon nombre de réactions houleuses.
« Finir le travail en photographie c’est présenter vos images ». Ce dont l’auteur nous parle au chapitre 15 avant de passer, un peu rapidement je trouve, à d’autres thèmes comme l’abstraction (chapitre 16), l’approche intuitive (chapitre 17), la philosophie personnelle (chapitre 18).
Mon avis sur l’art de la photographie de Bruce Barnbaum
Comme je le disais en introduction, il s’agit d’un ouvrage à part dans la production actuelle. Ce livre interpelle, fait réfléchir. Intégrer tout ce que l’auteur présente prend du temps, il est important d’y revenir souvent. Je n’en ai d’ailleurs pas fini avec certains sujets.
S’appuyant sur une expérience personnelle impressionnante, mêlant habilement notions techniques et notions créatives, Bruce Barnbaum nous propose un ensemble solide et fort bien illustré.
L’argentique y tient une place non négligeable, le poids des années, et l’on sent que l’auteur a du travailler son approche personnelle pour réussir sa reconversion en numérique. Reconversion toute relative puisqu’il nous avoue utiliser encore le film.
Cet ouvrage s’adresse aux photographes amateurs passionnés par l’image, comme aux plus experts, qui ont vécu la grande époque de l’argentique et cherchent leur voie dans le monde du numérique. C’est une source d’inspiration, un outil de travail qui vous permettra de voir la photographie sous un autre angle. Il livre des clefs pour comprendre comment les outils à votre disposition, qu’ils soient conceptuels comme physiques, peuvent vous aider à produire des images plus fortes et attirantes.
Bien qu’il soit déjà lourd, l’ouvrage aurait mérité une belle couverture cartonnée – c’est mon attirance personnelle pour l’objet livre – et s’avère, au tarif public de 34,95 euros une nouvelle référence venant compléter les livres d’auteurs plus médiatisés comme Michael Freeman ou David duChemin, une belle découverte à apprécier sur la durée.
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la photo n est pas un don car comme disait g brassens un don sans travail n est q une sale manie
Merci pour cette fiche de lecture aussi détaillée qu’appétissante.