David duChemin fait partie des photographes dont le métier est de faire des photos, mais aussi (surtout ?) de réfléchir à ce qu’est une pratique photographique réfléchie et assumée. Auteur de plusieurs livres sur l’intention du photographe, le photographe et formateur canadien nous revient avec un nouvel ouvrage intitulé « L’âme d’une image« .
L’âme d’une image, David duChemin, présentation du livre
L’auteur le dit lui-même dès les premières pages, il a déjà beaucoup parlé de vision et d’intention dans ses précédents ouvrages et en parler à nouveau dans celui-ci est un challenge : comment éviter de reproduire ce qui a déjà été dit, comment inciter le lecteur à réfléchir autrement, comment illustrer et parler d’art plus que de technique, comment montrer l’essentiel mais pas le superflu.
Conscient de la difficulté du challenge, David duChemin a choisi un angle inhabituel pour un tel ouvrage : laisser de côté la technique (il va jusqu’à retirer les informations de prise de vue des photos), jouer la sobriété avec le noir et blanc, choisir des illustrations centrées sur l’humain (ce n’est pas innocent) et parler d’art.
Vous pensez que ce livre n’est pas pour vous ? Lisez la suite.
A nouveau livre, nouvelle formule. Ce livre, dans sa version française, est un beau livre relié. Une couverture rigide, une belle reliure, et une impression sur papier glacé de qualité. Nous sommes loin du guide photo habituel, plus proche du livre de photographies.
Des photographies, justement, il y en a. L’auteur a choisi d’illustrer son livre avec des photos en noir et blanc, exclusivement. Un noir et blanc qui gagne la maquette. Ce choix délibéré est une façon de montrer qu’il s’agit bien de parler d’art et non d’une technique photo particulière. Ce n’est en aucun cas non plus un ouvrage sur le noir et blanc (voir plutôt L’art du noir et blanc).
Le message est clair : si vous cherchez un guide pratique de photographie et des recettes toutes prêtes, arrêtez la lecture de cette chronique ici, ce n’est pas le bon ouvrage.
Si par contre vous voulez réfléchir à votre pratique, si vous ne savez pas où vous en êtes, ce que valent vos photos et vos projets, si vous aimez lire d’abord pour réfléchir puis agir ensuite, poursuivez.
Pourquoi vous intéresser à ce livre ?
Je pourrais vous faire une revue exhaustive de chacun des chapitres de ce livre, mais cela n’aurait guère d’intérêt car je serais forcé de faire des raccourcis et d’interpréter la pensée de l’auteur. Je préfère transmettre ici ce que je retiens de ce livre, bien qu’une première lecture ne suffise pas à intégrer tout ce que nous dit David duChemin.
Et justement, que nous dit l’auteur ? Allez page 268 :
« Nous ne photographions pas tous pour les mêmes raisons »
Il est rare qu’un auteur précise ainsi à qui s’adresse son livre, duChemin le fait. Vous faites des photos pour vous amuser sans autre ambition créative ? Vous n’êtes pas le premier public visé.
Vous aimez « la créativité, le processus, l’histoire, la beauté » ? Vous êtes les bienvenus.
David duChemin dit tout haut ce que bien des photographes pensent tout bas :
« lorsque l’appareil capte votre affection, c’est lui que vous étudiez […] Et vous devenez alors très bon en utilisation d’appareil ».
Pour avoir réalisé cela il y a quelques années déjà, je sais que cette phrase est lourde de sens pour le photographe amateur et peut choquer. Mais elle est essentielle. Devenir meilleur pour raconter des histoires que pour déchiffrer des fiches techniques est essentiel.
Vous êtes toujours d’accord ? Continuons, c’est le sujet du livre.
Des idées personnelles partagées avec vous
« Plus vous serez à l’aise avec vos boutons, vos molettes et votre capacité à utiliser votre appareil, moins celui-ci se mettra en travers de votre chemin, et plus vous pourrez être présent et réceptif ».
Des phrases comme celle-ci, il y en a plein dans ce livre. Vous les trouverez en introduction à chacun des chapitres. Un fond noir, un texte blanc, une idée qui saute aux yeux, on se prendrait presque à découper chaque page pour en faire un recueil à consulter chaque jour (si l’éditeur me lit, c’est un message …).
Vous trouverez aussi dans les pages qui suivent cette introduction le développement de l’idée, ce qui se cache derrière, ce que pense duChemin. Autant de réflexions personnelles à intégrer avant de les faire vôtres. Soyez prévenu, vous avez du pain sur la planche !
Un fil conducteur : on ne naît pas créatif, on le devient
C’est la réflexion la plus fréquente chez le photographe amateur désireux de passer un cap :
- « Je n’ai pas de don particulier »,
- « Je suis bon en technique mais je ne suis pas créatif »,
- « Je n’arrive pas à trouver d’idées »,
… vous vous reconnaissez ? Moi oui, encore beaucoup trop.
David duChemin a une réponse : prenez les choses sous un autre angle, ouvrez grand vos chakras ! La créativité est en vous mais vous ne le savez pas encore.
Peu de photographes célèbres sont nés avec un don pour la photographie. Beaucoup ont par contre travaillé dur pour arriver là où ils en sont.
Qu’est-ce que ça signifie pour vous ?
- Qu’il va vous falloir apprendre à parler le langage photographique (page 21 et suivantes),
- à être patient (page 57),
- à respecter un processus créatif (page 79),
- à obéir à la curiosité (page 107),
- …
Autant de qualités que vous devez développer si vous ne les avez pas déjà. Je vous l’ai dit, vous avez du travail.
Nous avons tous un parcours personnel riche d’expériences, de rencontres, de savoir-faire et de savoir-être. Puisez dans ce parcours pour développer votre pratique photographique, c’est le sens du texte de David duChemin.
Mon avis sur ce livre
Je n’ai pas pour habitude d’être aussi peu bavard quand je commente un livre de photo. J’aime citer les qualités et les défauts du texte comme de la présentation, et guider votre choix.
Avec « L’âme d’une image » je n’ai pu faire cet exercice.
J’aimerais vous convaincre que lire un tel ouvrage est essentiel pour progresser. J’aimerais vous convaincre aussi que c’est au moins aussi important que de lire le manuel de votre appareil photo (bien que savoir le maîtriser est important nous dit duChemin). J’aimerais vous convaincre, enfin, que vous pouvez vous-aussi faire des photos qui vont toucher les autres.
Je n’ai pas le talent de David duChemin pour cela (en savoir plus sur son site).
Tout ce que je peux vous dire c’est qu’investir 26 euros dans cet ouvrage vous rapportera bien plus qu’investir dans une nouvelle carte mémoire ou un accessoire pour votre appareil photo.
Vous connaissez ma passion pour la technologie comme pour les livres. Point de technologie ici, mais un livre. Essentiel.
Proche dans l’esprit des 50 pistes créatives de Michael Freeman, ce livre est assez éloigné au final des précédents ouvrages de David duChemin. La sobriété de la présentation, le noir et blanc, la qualité de l’impression et de la reliure, l’objet et – surtout – les idées développées méritent que vous vous y intéressiez.
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Effectivement un bon bouquin à avoir avec celui de Denis Dubesset « style en photographie ». Ils sont excellents.
Ils donnent à réfléchie sur nos pratiques. Ils sont faciles à lire et instructifs.
Ils permettent de se poser les bonnes questions.
Maintenant, il me reste à « arbeit »
Très bien!
A tel point que je publierai la semaine prochaine un livre photo de 60 ages avec environ 240 photos format panoramique et 28 cms x 56 cms et 28 cms x28 cms , format carré. Les 60 pages imprimées en numérique sur du vrai papier photo, couverture durcie et pages mates. Ce ne seront que des photos d’un chantier extérieur ( 4,5 hec) exécutées entre juin 2018 et fin juin 2019. Suite au premier livre,
j’attends une commande officielle pour recommander ceux désirant les obtenir.
Cordiales salutations.
Bonjour,
J’ai trouvé ce livre bavard, prétentieux, sans aucun intérêt pour le photographe en recherche de progrès. Pour moi la photo c’est une émotion. Bien sûr tout a déjà été fait……alors ? Que nous reste-t-il ? Des redites ? Ou de l’extravagance ?
Bonjour,
J’ai acheté ce livre, que vous êtes plusieurs photographes à conseiller, et il m’a touchée tant ce qui y est dit me parle. En plus je trouve que ce livre est un magnifique « objet » que j’aime feuilleter pour le lire mais aussi pour le plaisir de le toucher. Je le trouve vraiment peu cher pour un livre présentant cette qualité tant du contenu que de la présentation matérielle.
Bonjour
Nous somme bien d’accord, l’essentiel en photo, n’est pas le matériel, mais le sens que l’on donne à son travail photographique. Les Leica argentiques, Contax etc. n’étaient que de simples boîtes, dénuées de pixels. Et nombre de photographes de renoms, avec ces seuls outils solides, mais basiques, ont produit de véritables merveilles.
Mais il ne faut pas oublier non plus qu’il est important de se sentir en phase avec son matériel, quelle que soit la marque. Ergonomie minimaliste ou pas, bourré de pixels ou non, il doit être avant tout, le prolongement de notre oeil et de notre cerveau.
Bon dimanche
Très bonne explication et bon commentaire.
Merci JC.
Jusqu’ici j’avais lu presque tous les livres de Duchemin en anglais, et bien qu’y trouvant toujours quelque chose d’intéressant, je considérais qu’il se répétait beaucoup. Je vais acheter celui ci en suivant ton conseil.
Bonjour,
Plus qu’un livre sur la photo, l’âme d’une image est une invitation au recentrage sur soi, à l’exploration de soi. Un appel à l’éveil, à la découverte ou la redécouverte de sa propre unicité!
Il est »thérapeutique ». On peut facilement l’intituler »l’âme de son âme photographique » :-).
Il me fait penser, à travers ce livre, à ces vieux sages qui n’ont seulement ont réfléchi et médité sur le sens de l’existence, mais qui ont pu toucher l’essentiel et le transmettre avec art!
Dans ce livre, il livre des vérités oubliées,
Ici, duChemin montre le chemin, le vrai, au lecteur de marcher … s’il n’a pas peur d’aller vers lui même.
Bonne lecture
Eh oui, ce qui fait une bonne photo ce n’est pas l’appareil et les millions de pixel, mais l’œil du bon photographe qui voit ce que les autres ne voient pas. Ne nous laissons pas étourdir et envahir par les fonctionnalités inutiles. Les maitre du noir et blanc possédaient des appareils finalement rudimentaires, mais ils savaient saisir l’instant.
Exact ! L’oeil du photographe est primordial. Mais étant passé du format µ4/3 au plein format, j’ai pu constater une énorme différence de qualité.
Je lis ce livre à la fois comme un livre sur la photo et comme une réflexion que l’on peut appliquer à bien des domaines de la vie. Qu’est-ce qui compte vraiment pour nous, à quel prix et quel est l’objet de nos quêtes en photographie comme, finalement, dans d’autres domaines ? La pratique photographique comme miroir de nos exigences, de nos limites et de nos intentions plus ou moins avouées… Ouf !
Jean-Christophe, tu peux être rassuré, tu nous en convaincus. En tout cas, moi, je le suis et je vais me ruer sur ce livre, car c’est EXACTEMENT ce que je recherche dans ma pratique de la photo.
Merci !
J’ai trouvé les commentaires de ces livres élogieux aussi je les ai commandés en passant
par votre site .
Je me promets bien du plaisir .
Amicalement .
Bonjour Jean-Christophe
Merci beaucoup de nous avoir présenté ce livre de duChemin. Ta critique me semble primordiale pour nous interpeller sur ce qui à mon avis est le cœur de la photo: tout simplement l’image. Bien sûr maîtriser la technique c’est important mais sans créativité elle est inutile. J’aime l’équilibre que tu essaies de maintenir entre les deux.
Bonne continuation.
Thierry