Article proposé par Jeremy pour Nikon Passion
Les objectifs Nikon existent en différentes versions. Bien que la monture F reste la-même au fil des années, il existe des séries bien différenciées d’objectifs qui possèdent chacune leurs caractéristiques. Les tous premiers objectifs Nikon étaient entièrement manuels, mise au point, mesure de lumière, ouverture du diaphragme, ils s’agit des « non-AI ». Pour en savoir plus sur le sujet, consultez notre dossier.
Si l’envie de modifier un ancien objectif type F non-AI en modèle AI ou AI-S vous prend, Jeremy, membre de la notre communauté, vous donne quelques infos.
L’envie de convertir une monture Nikon F en Nikon modifié AI (AI’d) n’est pas neuve. Cela fait partie des petits challenges que j’aime régulièrement me lancer.
Je me suis mis en quête d’un objectif qui pourrait supporter l’opération sans broncher, et sans que mon portefeuille ait mal. D’un autre côté, si la manœuvre réussissait, il était intéressant de choisir une focale que je ne possédais pas encore.
Sur eBay, mon choix fut vite fait. J’y ai acquis un Tokina 135 f/2,8 en assez bel état mécanique et cosmétique (sauf pour les quelques saletés collées aux lentilles internes. Ce petit objet trapu et entièrement métallique m’a plu au toucher. Solide, métal et verre uniquement, bien construit, lourd, mécanique très simple… du costaud ! Je ne regrette pas cet achat, surtout pour 5 euros.
[Je m’excuse d’avance pour le mauvais éclairage lors de la prise de vue des photos.]
Un objectif Nikon F ne peut se monter sur un boîtier AI (ou postérieur) pour une simple raison mécanique : la bague de diaphragme dépasse légèrement de la partie postérieure de l’objectif, et vient buter contre l’ergot de couplage AI (et contre l’ergot de signal d’ouverture minimum pour les boîtiers produits à partir de 1985 environ) avant même de pouvoir faire coïncider les deux parties de la baïonnette. Si on veut forcer, on casse l’ergot de couplage AI.
Il est donc nécessaire de réduire la largeur de la bague de diaphragme aux endroits stratégiques, tout en en laissant dépasser une partie en deux endroits, afin qu’elle actionne les dits ergots de couplage et de signal.
Note : la partie postérieure d’un objectif AI (et de ses descendants) présente une pièce métallique qui fournit au boîtier l’information d’ouverture maximale. Cette protubérance étant inexistante sur les objectifs en monture F, ces derniers ne peuvent en principe pas être employés correctement aux modes S et P.
Première étape : marquage des parties à enlever
Je dois avouer que ma façon de procéder est quelque peu rudimentaire ; j’ai simplement comparé la bague du Tokina avec celle d’un Nikon AI, et y ai gravé les repères à prendre en considération. Par sécurité, j’ai laissé un peu de matière aux endroits stratégiques, afin de pouvoir corriger le tir à la lime.
Deuxième étape : meulage
N’ayant pas d’outil de précision sous la main (type Dremel, par exemple), j’ai employé une meule. Avec un peu de doigté, on s’en sort bien. Les bords d’un disque de la meule étant bien nets, j’ai pu facilement meuler perpendiculairement, en taillant les angles des parties à laisser saillantes. A vue de nez, j’ai directement réduit la largeur de la bague de 3 millimètres, me disant que c’était à peu près le dégagement nécessaire pour le pas gêner la bague de couplage AI.
Troisième étape : premier test
Après avoir remonté les pièces sur l’objectif, j’ai enfin pu tester le mouvement de couplage. Et bien, il s’est avéré deux choses : j’ai meulé plus que nécessaire (1,5 mm aurait suffi), et la bague de diaphragme touche à peine l’ergot de couplage AI (moins d’1/2 mm). En résumé, il y a bien un chevauchement théorique de l’une sur l’autre si on veut monter un objectif F sur un boîtier AI, mais ce chevauchement est en réalité très minime. En effet, la bague de diaphragme se couple tout juste sur mon Nikon FA, mais pas sur le F801s, où elle lâche prise à la moindre sollicitation. Cela vaut bien sûr pour le Tokina que je suis en train de modifier, mais il y a fort à parier que ce chevauchement ne soit pas plus conséquent sur un objectif d’origine Nikon.
Quatrième étape : trouver une solution
Le meulage excessif ne pose aucun souci esthétique ni de fonctionnement. Par contre, le fait que la bague de diaphragme touche à peine l’ergot AI risque de causer quelques problèmes de fonctionnement.
J’ai donc décidé d’allonger la bague à l’endroit où elle entre en contact avec l’ergot AI.
Cinquième étape : fignoler le travail
J’ai rapidement trouvé de quoi usiner une pièce adéquate, en cherchant un peu dans mon stock de pièces détachées. J’ai découpé un vieux capot de FA noir pour y prélever un morceau formant un angle droit. En quelques coups de lime, j’ai obtenu une pièce en ‘L’, arrondie sur l’extérieur. Je l’ai ensuite collée sur la bague de diaphragme, à l’endroit où celle-ci vient buter sur l’ergot de couplage AI.
Finition à la lime et coups de marqueur indélébile noir finissent de cacher mon forfait.
NB : La manipulation effectuée pour le couplage AI doit être répétée pour pouvoir actionner l’ergot de signal d’ouverture minimale. Cependant, n’en ayant pas l’utilité, je ne l’ai pas faite.
Sixième étape : utilisation
Me voilà donc avec un Tokina 135mm f/2,8 Nikon AI’d (AI’d étant la dénomination communément employée pour désigner les AI modifiés). Je peux donc m’en servir aux modes A et M sur tous les boîtiers Nikon AI. J’ai également testé rapidement les modes S et P sur mon FA, et cela semble fonctionner, pour autant qu’on ne sélectionne pas une vitesse nécessitant une grande ouverture que l’objectif ne pourrait atteindre (supérieure à 2,8).
Septième étape : une troisième vie
Les manipulations expliquées ci-dessus m’ont contraint à enlever la fourchette (‘oreilles de lapin pleines’). J’ai marqué l’endroit où elle se fixait ; de la sorte, je pourrai la retourner et donc employer à nouveau l’objectif sur des boîtiers à monture F (ce qui n’exclut évidemment pas une utilisation AI). En redonnant vie à son utilisation première, je lui en offre en quelque sorte une troisième.
NB : on remarquera sur la première photo que la fourchette n’est pas symétrique. Il me semble qu’elle a été adaptée d’usine pour corriger un demi diaphragme de surexposition.
Pour conclure, je rappelle qu’il existait des kits de modification Nikon pour adapter les Nikon F en Nikon AI (en changeant la bague d’origine). Cependant, depuis 1977, il y a fort à parier que ce soit difficile à trouver. Le bricolage maison me semble être une solution intéressante pour qui veut absolument utiliser un vieux caillou F et n’a pas peur de l’estropier quelque peu.
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Voila un photographe doué, passionné et passionnant redonner vie à des Objectifs Non AI je trouve cela génial Bravo.
3 ans après vous; mais mieux vos tard que jamais ne dit-on pas!
Il semble que Nikon soit arrivé à cette même conclusion, laisser des Optiques de fabrication exceptionnels dans un placard ne soit pas acceptable.
j’ai trouvé aujourd’hui une annonce de la firme Nippon concernant ceci
http://nikon.fr/fr_FR/product/digital-cameras/slr/consumer/df?utm_source=newsletter&utm_medium=img_bandeau&utm_campaign=newsletter_novembre_2013
qui je crois devrait vous intéressé
Très Cordialement
Un Nikoniste
Stéphane