Avec ce test Nikkor Z 24-70 mm f/2.8 S, nous bouclons la série des tests d’objectifs Nikon Z dédiés aux hybrides plein format Nikon et disponibles à ce jour (juin 2019), avant de passer à quelques optiques compatibles dans les prochaines semaines.
Mais au fait, pourquoi un 24-70 mm f/2.8 S alors qu’il existe un excellent 24-70 mm f/.4 S dans la même monture ?
Ce zoom au meilleur prix chez Miss Numerique
Note de Jean-Christophe : ce test est particulièrement long, ce qui s’explique par le soin que nous portons à vous fournir le plus possible d’informations détaillées et utiles. Les photos haute définition sont disponibles (voir plus bas), un comparatif 24-70 mm f/2.8 arrive. C’est un travail important que nous avons jugé nécessaire.
Test Nikkor Z 24-70 mm f/2.8 S : contexte
Dans une gamme optique, surtout pour un système qui se veut professionnel, il est un zoom qui s’est imposé comme incontournable, le couteau suisse des photographes qui exigent polyvalence, flexibilité, luminosité, haut niveau de performance et fiabilité : le 24-70 mm f/2,8.
Pour ses hybrides 24 x 36 mm en monture Z, Nikon fait donc endosser cette lourde responsabilité au Nikkor Z 24-70 mm f/2,8 S (voir la présentation). Celui-ci doit non seulement exceller mais en plus suffisamment se distinguer du standard (et plus modeste) Nikkor Z 24-70 mm f/4 S pour justifier le ticket d’entrée exigé : 2499 euros. Soit 1400 euros de plus que le « simple » (mais déjà très bon) 24-70 mm f/4 en monture Z mais également 300 euros (selon le tarif officiel, l’écart est encore plus marqué selon le « street price ») par rapport à son presque alter ego en monture F, l’AF-S Nikkor 24-70 mm f/2,8E ED VR. Une comparaison avec celui-ci fera d’ailleurs l’objet d’un article dédié.
Pour l’heure, évitons de nous mélanger les pinceaux entre les diverses références, concentrons nous sur le test de ce Nikkor Z 24-70 mm f/2,8 S.
Présentation
Déjà, d’un strict point de vue photographique, il y a quelque chose d’éminemment stratégique dans un 24-70 mm f/2,8, ne serait-ce que pour les raisons brièvement exposées précédemment.
D’un point de vue économique, en tant que porte-étendard des zooms professionnels, il s’agit de la combinaison « plage focale/ouverture » parmi les plus populaires, donc qui se vend le mieux. Money money money… Ce n’est donc pas un hasard si chaque opticien, « titulaire » ou tiers (Tamron, Sigma, c’est surtout à vous que je pense) se démène pour sortir sa déclinaison la meilleure et la plus agressive possible sur le plan du prix.
S’en suivent de longs dilemmes à l’heure de passer à la caisse, les nikonistes équipés en reflex en savent quelque chose. Heureusement, du moins pour l’heure, le choix est plus simple en monture Z puisque seul existe ce Nikkor Z 24-70 mm f/2,8 S. Pour paraphraser Henry Ford, peu importe la marque de votre 24-70 mm f/2,8 pour votre hybride Nikon Z, tant que c’est un Nikkor.
Du point de vue symbolique, ce 24-70 mm f/2,8 a pour Nikon et les nikonistes une saveur particulière. En effet, lors de sa sortie, l’AF-S Nikkor 24-70 mm f/2,8E ED VR avait quelque peu déçu. Oh, non, ce n’est pas un mauvais objectif, loin de là, mais en apportant en plus la stabilisation (optique et par ailleurs excellente) par rapport à l’AF-S Nikkor 24-70 mm f/2,8G ED qu’il remplace – en fait, seconde puisque les deux coexistent au catalogue – Nikon a sacrifié le piqué sur l’autel de l’homogénéité… et parfois l’inverse, en fonction des exemplaires testés. Et tout cela en étant à la fois plus gros, plus lourd et plus cher !
Jean-Christophe a très bien détaillé son avis sur la question dans son « test du Nikon 24-70mm f/2.8E ED VR et comparatif 24-70 f/2.8 Nikon ». Pour ma part, à cette époque, j’officiais encore chez les Numériques et, déçus du premier exemplaire fourni par Nikon, nous en avons demandé un autre. Et puis un autre. Et puis encore un autre, quelques mois plus tard. Et aucun ne nous avait vraiment emballés à la rédaction, nous faisant regretter l’ancien modèle non stabilisé.
Bref, je vous donne peut-être l’impression de raconter ma vie mais chat échaudé craignant l’eau froide, c’est avec ce précédent à l’esprit que j’aborde le test du Nikkor Z 24-70 mm f/2,8 S… tout en sachant que le Nikkor Z 24-70 mm f/4 S, testé quelques semaines auparavant, m’avait beaucoup impressionné (pour sa catégorie), ce qui me mettait en de meilleures dispositions.
Comme je suis, avant d’être un mercenaire des tests photographiques, un amoureux de la photographie comme vous, je suis persuadé que vous êtes nombreux à partager ce sentiment (Ça rend le test plus humain et plus sympa. Enfin, je crois). Bref.
Test Nikkor Z 24-70 mm f/2.8 S : 70 mm – ISO 100 – 1/250 ème – f/4
Le Nikkor Z 24-70 mm f/2,8 S est le premier zoom à ouverture f/2,8 constante disponible en monture Z alors que jusqu’à présent nous n’avions eu droit qu’à des zooms f/4 constants. Les prochains zooms f/2,8 devraient être les 70-200 mm f/2,8 S (courant 2019) et 14-24 mm f/2,8 S (courant 2020) afin de compléter la « trinité f/2,8 ».
En attendant le Noct-Nikkor Z 58 mm f/0,95 S, dont quelques exemplaires de pré-production commencent à circuler, le 24-70 est, pour l’heure l’objectif le plus gros et le plus cher de la gamme. Ce n’est pas sans raison car, outre son ouverture constante f/2,8, il bénéficie d’un traitement ergonomique aux petits oignons qui tranche nettement avec la sobriété/simplicité de ses congénères : troisième bague multifonction programmable, écran OLED intégré, doublure velours à l’intérieur du pare-soleil. Il « manque » juste la stabilisation mais ce n’est pas grave puisque les boîtiers, eux, en disposent.
Rien n’est trop beau pour le nouveau porte étendard ! C’est que, si Nikon a crânement misé sur le leitmotiv « l’hybride réinventé » pour évoquer ses boîtiers, en ce qui concerne notre zoom du jour la mission n’était nulle autre que « le 24-70 mm f/2,8 réinventé » (mais c’est sûr, dit comme ça, c’est moins sexy).
À qui se destine ce zoom 24-70 mm ?
De par leur plage focale, les Nikkor Z 24-70 mm se destinent aux photographes recherchant un zoom polyvalent, à la fois capable de photographier du paysage, de l’architecture, de s’adonner à la photographie de rue et au reportage.
De par son ouverture f/2,8, le Nikkor Z 24-70 mm f/2,8 S se prête encore mieux au portrait que son petit frère f/4 grâce à la profondeur de champ plus étroite et, surtout, aux prises de vue dans de faibles conditions lumineuses. Même si, nous n’avons de cesse de le répéter, les excellentes aptitudes des boîtiers Nikon Z en montée en sensibilité rendent, pour le commun des mortels, cet avantage physique un peu caduc.
Même s’il est un diaphragme (et un tiers) moins lumineux que les focales fixes en f/1,8, acquérir le Nikkor Z 24-70 mm f/2,8 S peut, virtuellement, vous dispenser de l’acquisition d’un 35 mm ou 50 mm complémentaire (même si c’est toujours bien d’avoir une focale fixe lumineuse et spécialisée en plus d’un zoom). Ce qui prend moins de place dans le sac photo et, économiquement, peut se révéler intéressant dans la mesure où la triplette 24-70/4 + 35/1,8 + 50/1,8 vous reviendra à 2707 euros (1079 + 949 + 679), un peu moins si vous achetez le 24-70/4 en kit avec votre boîtier.
Notez, au passage, que Nikon n’a pas prévu de kit incluant un boîtier Nikon Z et un zoom Nikkor Z 24-70 mm f/2,8 S : son acquisition se fera alors forcément de manière additionnelle (à moins qu’un revendeur ne décide de lancer son propre kit, mais c’est alors une autre histoire).
Test Nikkor Z 24-70 mm f/2.8 S : 70 mm – ISO 100 – 1/400 ème – f/2.8
Qualité de construction
Jusqu’à présent, tous les Nikkor Z que nous avons testés nous avaient impressionnés par leur qualité de construction, d’autant plus compte tenu de leur positionnement et leur niveau de gamme respectif. En même temps, en 2019, encore plus de la part d’un constructeur qui ne se prive jamais de rappeler avoir dépassé le siècle d’existence, il s’agit du minimum syndical, ce qui n’enlève rien à la performance industrielle.
Avec le Nikkor Z 24-70 mm f/2,8 S cependant, une marche de plus est clairement franchie. Voire deux.
Si comme ses petits frères il profite de nombreux joints d’étanchéité caoutchouc, dont celui très important au niveau de la monture, tout le reste passe à la vitesse supérieure.
Exit la finition satinée du fût, retour du noir mat légèrement texturé. Plus sobre. Plus professionnel. Plus classe. Accouplé à un Z 7, la combinaison du plus bel effet ne manquera pas de vous arracher un « putain, faut quand même reconnaître que ça a de la gueule ».
Cela ne permet pas forcément de faire de meilleures photos mais il faut bien reconnaître que ce seul changement de finition confère à l’objectif un côté désirable. Or, on a tendance à faire de meilleures photos avec un matériel que l’on trouve joli. Du coup, alors, se pourrait-il que… ?
L’ergonomie n’est pas en reste. Bien plus riche que sur les autres objectifs : outre les classiques bague de zoom, bague de mise au point et commutateur AF/MF, une troisième bague programmable près de la monture, le bouton L-Fn correspondant, un écran OLED et son bouton DISP. correspondant s’ajoutent à la fête.
S’il est bien connu que « plus de boutons, ça fait plus pro », cela permet surtout de personnaliser l’objectif selon vos habitudes de travail afin d’avoir la meilleure maîtrise possible de votre outil de prise de vue.
Ainsi, reconnu comme une touche fonction supplémentaire, il vous sera possible d’attribuer au bouton L-Fn l’une des 21 fonctions différentes via le menu de votre boîtier (Menu > Réglages Perso > (f2) Définition réglages perso.), par exemple le mode de mesure, le bracketing, le verrouillage de l’exposition, le zoom électronique (pratique en mise au point manuelle). La bague programmable se paramètre selon la même procédure. Par défaut, c’est la correction d’exposition qui est activée.
Test Nikkor Z 24-70 mm f/2.8 S : 70 mm – ISO 100 – 1/1.250 ème – f/2.8
Le pare-soleil profite quant à lui de la même attention, avec, comble du luxe, une doublure en velours, coquetterie qui n’en est pas une mais reste rare dans l’industrie. Celle-ci n’est pas là que pour la frime, ni pour attraper les poussières, mais afin de limiter les réflexions parasites que l’intérieur d’un pare-soleil satiné classique pourrait causer. Par là même, ce revêtement permet donc de minimiser le flare.
Pour rester de ce côté de l’anatomie de l’objectif, notez que le Nikkor Z 24-70 mm f/2,8 S utilise des filtres de 82 mm de diamètre, soit exactement le même que l’AF-S Nikkor 24-70 mm f/2,8E ED VR. Du coup, même si vous changez d’objectif, vous pourrez conserver les filtres et vous épargner des dépenses supplémentaires. Bien vu.
Prise en main
Avec 805 grammes sur la balance et une longueur de 126 mm, le zoom f/2,8 Z ne joue clairement pas dans la même catégorie que son cadet en f/4 (500 grammes, 88,5 mm de longueur).
Cet écart de poids s’explique par la formule optique plus ambitieuse contenant plus de verre (17 lentilles dont 2 ED et 4 asphériques du côté du f/2,8, contre 14 lentilles dont 1 ED, 1 ED asphérique et 3 asphériques du côté du f/4), l’électronique supplémentaire mais aussi par le fait que le f/2,8 ne s’encombre pas d’un système de « pliage » afin de prendre moins de place au repos. Ce qui explique, aussi, les 4 cm de longueur supplémentaires.
à gauche le Nikon Z7 + Nikkor Z 24-70 mm f/2.8 S
à droite le Nikkor AF-S 24-70 mm f/2.8E ED VR + bague FTZ
Le zoom tient bien en main, très bien même. Tout tombe parfaitement sous les doigts et ce serait le nirvana du tripatouillage de bagues, molettes et chevillettes si seulement la bague programmable ne venait pas gâcher le tableau.
En effet, positionnée très proche de la monture afin d’éviter les manipulations accidentelles, elle n’en demeure pas moins un poil trop souple et a tendance à tourner trop facilement lorsque vous rangez votre boîtier dans le sac ou l’en sortez. Il nous est arrivé, à de nombreuses reprises, de nous retrouver avec une correction d’exposition ou une ouverture non désirée au moment de déclencher.
Ceci dit, et c’est le bon côté de la visée électronique des APN hybrides, vous vous en rendez immédiatement compte à l’écran, alors que sur un reflex, si vous n’êtes pas attentif, vous ne pouvez constater l’accident de prise de vue qu’une fois la photo capturée.
Autre légère imperfection, l’écran OLED tend à manquer de luminosité. Celle-ci est réglable sur six niveaux mais, même au maximum, par jour de grand soleil, elle demeure insuffisante pour consulter confortablement ce qui s’y affiche. Notez au contraire que, pour une totale furtivité dans l’obscurité, il est possible d’éteindre cet écran.
affichage de l’ouverture sur l’écran OLED du Nikkor Z 24-70 mm f/2.8 S
affichage de la distance de mise au point et de la profondeur de champ
sur l’écran OLED du Nikkor Z 24-70 mm f/2.8 S
affichage de la focale sur l’écran OLED du Nikkor Z 24-70 mm f/2.8 S
L’écran OLED est le véritable point de curiosité de cet objectif. Bien plus versatile que celui des Zeiss Batis, parmi les premiers à en disposer, il permet de compenser la frustration que vous pouvez ressentir avec les autres objectifs Nikkor Z.
Ainsi s’y affichent successivement en cliquant sur la touche DISP de l’objectif les informations relatives à la distance de mise au point (graduée en mètres ou en pieds) doublée d’une échelle de profondeur de champ (enfin !), la distance focale précise au millimètre près (plus besoin de faire des allers-retours dans le menu lecture pour vérifier si vous êtes bien à 50 mm pile poil et pas à 49 ou 51 mm), et l’ouverture.
Ouverture qui, par ailleurs, peut aussi bien être commandée depuis la troisième bague de l’objectif que depuis le boîtier. Mine de rien, cela permet de retrouver un geste sinon authentique, au moins traditionnel, et ce n’est pas pour me déplaire.
Autofocus
Il y a une autre différence entre les deux zooms Nikkor Z 24-70 mm S, mais celui-ci au désavantage du f/2,8 : la mise au point minimale est de 38 cm alors qu’il est possible de se rapprocher jusqu’à 30 cm avec le zoom f/4.
Du côté de l’autofocus, nous avons toujours affaire à une motorisation parfaitement silencieuse, précise et vive… malgré quelques ratés en basse lumière. Mais pour le coup, cela était plus dû au boîtier Z 7 qu’à l’objectif, puisque le même comportement s’est retrouvé avec le 14-30 mm f/4 testé simultanément.
Le suivi AF-C est très accrocheur, Nikon prouve une fois de plus sa maîtrise du sujet.
Test Nikkor Z 24-70 mm f/2.8 S : 70 mm – ISO 100 – 1/125 ème – f/2.8
Stabilisation
Comme tous ses congénères Nikkor Z/S, le Z 24-70 mm f/2,8 S est dépourvu de stabilisation optique. Cela permet d’alléger un peu la bête et de constater, une fois de plus, à quel point la stabilisation capteur intégrée aux boîtiers est exemplaire. Vous pourrez aisément descendre à ½ seconde au 24 mm et ¼ seconde au 70 mm.
C’en est presque lassant, à force, de ne pas avoir grand chose à lui reprocher…
Test Nikkor Z 24-70 mm f/2.8 S : 49 mm – ISO 12.800 – 1/50 ème – f/3.2
Performances optiques : piqué, homogénéité et vignettage
Histoire de correctement martyriser l’objectif et savoir ce qu’il a dans le ventre, le Nikkor Z 24-70 mm f/2,8 S a été accouplé au très exigeant capteur de 45 Mpx du Z 7. Lavera-t-il l’honneur des opticiens Nikon, mis à mal par l’AF-S Nikkor 24-70 mm f/2,8E ED VR ?
Nous l’avons vu lors du test du Nikkor Z 14-30 mm f/4 S : les ingénieurs maison n’hésitent pas à exploiter la communication entre objectif et boîtier pour laisser au second le soin de corriger les imperfections du premier, notamment en termes d’homogénéité et de vignettage.
Test Nikkor Z 24-70 mm f/2.8 S : 24 mm – ISO 100 – 1/400 ème – f/2.8
De cet artifice électronique il n’est nullement besoin avec le Nikkor Z 24-70 mm f/2,8 S, qui est une bête de course au naturel. Ce qui est rassurant et permet de faire, un peu mieux, passer la pilule de son tarif haut perché.
Pour preuve, alors que des différences flagrantes étaient visibles entre les fichiers NEF et les JPEG internes capturés avec le zoom grand angle, dans le cas des clichés produits par le transtandard f/2,8 c’est blanc bonnet et bonnet blanc.
Cette béquille algorithmique de l’accentuation, le Nikkor Z 24-70 mm f/4 S en avait lui aussi besoin, mais de manière plus subtile, sa plage focale combinée à son ouverture rendant sa conception optique plus aisée et moins piégeuse.
Le Nikkor Z 24-70 mm f/2,8 S impressionne. Vraiment. À toutes les focales, à toutes les ouvertures, même dès f/2,8, le niveau de piqué est très élevé. Du centre au bord.
Pleinement exploitable dès la pleine ouverture, c’est entre f/4 et f/5,6 que vous atteindrez les sommets, avec une mention spéciale pour les plus courtes focales (24 et 28 mm) vraiment excellentes. Même en chipotant et scrutant la périphérie extrême, il faut y passer beaucoup de temps pour constater une dégradation de l’homogénéité. Et cela, encore une fois, à toutes les focales, toutes les ouvertures.
Test Nikkor Z 24-70 mm f/2.8 S : 24 mm – ISO 100 – 1/2.500 ème – f/2.8
Pour autant est-il parfait ? Nous serions presque tentés d’écrire que oui, au moins dans le contexte d’une utilisation normale, c’est à dire si vous faites autre chose que passer votre temps à photographier des mires et des murs de briques (ce qui peut être une passion comme une autre, soit dit en passant).
L’intervention du traitement JPEG interne a cependant deux intérêts, pas criants mais néanmoins appréciables sur un Z 7. Le premier est de reculer la dégradation induite par la diffraction (à partir de f/8, gênante à f/16 et f/22), et cela à toutes les focales.
Le second est de réduire le moirage qui surgit sur les très fins détails, ce que vous constaterez en scrutant vos clichés à la loupe, i.e. À 100 %. Pour le reste, notamment en ce qui concerne l’accentuation, ce que le JPEG vous fera gagner (un peu) en semblant de netteté, vous le perdrez en subtilité des nuances.
Pour résumer, si avec les autres objectifs de la gamme nous vous invitions volontiers à photographier en JPEG pour tirer le meilleur de leur potentiel directement depuis le boîtier, cela n’est plus nécessaire avec le Nikkor Z 24-70 mm f/2,8 S. C’est à la fois cohérent et rassurant avec le positionnement professionnel du zoom.
Test Nikkor Z 24-70 mm f/2.8 S : 70 mm – ISO 100 – 1/1.250 ème – f/4
En matière de vignettage, c’est presque le désert… sauf aux focales extrêmes, 24 mm et 70 mm. Là, à f/2,8 et f/4, un très léger vignettage sera perceptible dans les coins extrêmes. « Perceptible » est le bon mot tant, si vous n’avez pas deux clichés du même sujet à deux ouvertures différentes sous les yeux, il passe inaperçu. Et cela aussi bien en NEF qu’en JPEG. De la belle ouvrage, si vous voulez mon avis.
Qui plus est, 70 mm f/2,8 étant la combinaison favorisée pour les portraits, un peu de vignettage dans ces conditions n’aura rien d’esthétiquement dérangeant, bien au contraire. À croire que c’est fait exprès…
Performances optiques : déformation et distorsion
« Déformation ? Distorsion ? Jamais entendu parler… » Circulez, il n’y a rien à voir. Littéralement : ce qui est droit ressort droit, ce qui doit être perpendiculaire ressort à 90°, et en ce qui concerne cette partie du test, c’est plié. Ah, si seulement tous les objectifs pouvaient se montrer aussi exemplaires…
Test Nikkor Z 24-70 mm f/2.8 S : 24 mm – ISO 100 – 1/100 ème – f/4
Performances optiques : rendu des couleurs et aberrations chromatiques
Un objectif sans aberrations chromatiques, cela n’existe pas. Du moins dans la photographie civile, parce que dans les domaines militaires et médicaux, c’est une autre affaire. Et, au hasard, il se trouve que Nikon fait aussi du médical et équipe de nombreuses armées. Faut-il, au passage, rappeler combien l’histoire de la Nippon Kōgaku Kōgyō, premier nom de l’entreprise, est intimement liée à l’histoire militaire moderne du Japon ?…
Cette petite digression culture G pour expliquer que oui, dans de très rares cas, typiquement sur de très fins détails pris en contre-jour avec un fort éclairage de face créant alors un contraste marqué, vous pourrez constater des aberrations chromatiques. En NEF. Le JPEG les corrige. Mais dans tous les autres cas, vous aurez beau chasser les franges chromatiques, vous aurez bien du mal à prendre ce zoom en défaut.
Même commentaire en ce qui concerne le flare : ici, il ne s’agira pas d’images fantômes parasites mais plutôt d’une reproduction fidèle de l’ambiance lumineuse du moment. Parfait pour les filets de lumière filtrant à travers les feuillages ou les couchers de soleil romantiques. Le nouveau traitement multicouche ARNEO, utilisé conjointement avec le bien connu traitement nanocristal, fait des miracles. Et le velours du pare-soleil n’est pas non plus étranger à la performance.
Test Nikkor Z 24-70 mm f/2.8 S : 70 mm – ISO 100 – 1/80 ème – f/4
Jusqu’à présent, les objectifs Nikkor Z testés pouvaient se vanter d’un rendu colorimétrique neutre. C’est presque le cas du Nikkor Z 24-70 mm f/2,8 S qui profite de couleurs plus chaleureuses que ses petits camarades. C’est très subtil mais suffisant pour donner du caractère et de l’humanité aux images qu’il produit. Un comportement presque surprenant pour un objectif japonais, lesquels sont réputés chirurgicaux et froids, mais que les photographes de rue et les reporters sauront apprécier.
Les ombres elles aussi sont plus nuancées et riches. Attention, pour en profiter, privilégiez les clichés en NEF plutôt qu’en JPEG qui, selon les profils « Picture Control » sélectionnés, auront tendance à vouloir remettre la colorimétrie dans le froid chemin. Le mieux est l’ennemi du bien.
Dans tous les cas, cela fait plaisir un objectif qui, en plus de bien faire son travail, jouit d’une âme photographique.
Rendu optique : profondeur de champ
C’est probablement sur la gestion de la profondeur de champ et du bokeh que, sur le papier, vous attendez le plus du Nikkor Z 24-70 mm f/2,8 S par rapport au Nikkor Z 24-70 mm f/4 S.
Outre l’ouverture plus généreuse, le f/2,8 bénéficie aussi d’un diaphragme circulaire (électro-magnétique) comportant neuf lamelles, contre sept seulement pour son petit frère. Il en résulte, en toute logique, des profondeurs de champ plus courtes, malgré la distance de mise au point minimale allongée, et surtout des arrières plans au bokeh plus délicat et progressif. Plus « crémeux » et « naturels », si vous préférez. En fait, comme en ce qui concerne le rendu colorimétrique, moins japonais et plus allemand. Mais allemand façon Leica, pas façon Zeiss.
Test Nikkor Z 24-70 mm f/2.8 S : 70 mm – ISO 6.400 – 1/100 ème – f/2.8
Les photos de ce test en pleine définition sur Flickr :
Le Nikkor Z 24-70 mm f/2,8 S peut vous intéresser si…
- vous avez besoin d’un objectif polyvalent, lumineux, avec des performances de haut vol,
- vous ne sauriez photographier avec autre chose que LE meilleur zoom 24-70 mm f/2,8 de Nikon,
- vous vous sentez bloqué ou frustré par la relative faible ouverture du Nikkor Z 24-70 mm f/4 S,
- vous désirez un objectif dont vous pouvez pleinement prendre le contrôle et personnaliser selon vos habitudes,
- vous souhaitez alléger votre matériel et troquer votre duo reflex FX + 24-70 mm f/2,8 pour gagner à la fois en qualité et mobilité. C’est le bon moment pour passer à l’hybride.
Le Nikkor Z 24-70 mm f/2,8 S va moins vous intéresser si…
- 2499 euros, c’est une sacrée somme à débourser. Surtout que cela rend ce transtandard encore plus onéreux que ses homologues en monture F, déjà pas réputés abordables,
- vous ne jurez que par les objectifs stabilisés (bien que les boîtiers Nikon Z le soient),
- vous trouvez que c’est quand même gros, pour un objectif hybride…
Test Nikkor Z 24-70 mm f/2.8 S : 70 mm – ISO 12.800 – 1/800 ème – f/2.8
Test Nikkor Z 24-70 mm f/2,8 S : ma conclusion
Dans toute bonne dégustation, certains recommandent de garder le meilleur pour la fin. Au terme de notre long cycle de test de tous les objectifs Nikkor Z disponibles à date, le Nikkor Z 24-70 mm f/2,8 S boucle le périple (jusqu’au prochain épisode). Et quelle conclusion magistrale pour, justement, terminer de convaincre même les plus sceptiques que cette nouvelle lignée d’hybrides 24 x 36 mm signée Nikon est fort bien née.
Tout système optique a besoin d’un objectif phare et, dans le cas des Nikkor Z, ne cherchez plus, vous l’avez trouvé.
Ce zoom transtandard f/2,8 justifie à lui seul la bascule vers l’hybride, si vous êtes déjà nikoniste, et saura séduire ceux déjà équipés en hybride de sombrer du côté jaune de la Force. C’est que les opticiens ont mis les petits plats dans les grands et, une fois n’est pas coutume pour Nikon, de faire dans l’avant-gardisme.
À la conception optique sans faille (piqué exceptionnel, homogénéité sans peur ni reproche, couleurs chatoyantes, traitement contre les images fantômes et les reflets redoutables) s’ajoutent une qualité de fabrication et un plaisir de prise en main savoureux.
Test Nikkor Z 24-70 mm f/2.8 S : 35 mm – ISO 10.000 – 1/400 ème – f/2.8
Si Nikon n’a pas forcément réinventé l’hybride, la centenaire maison profite du Nikkor Z 24-70 mm f/2,8 S pour ajuster au goût du jour et à l’air du temps certaines pratiques ergonomiques que l’on pensait oubliées avec l’avènement du numérique : échelle de profondeur de champ, bague de diaphragme modernisée (même si le système « clutch » utilisé par des concurrents a un charme indéniable), écran OLED personnalisable… Et ce velours sur le pare-soleil, quelle délicate attention !
Vous l’aurez peut-être constaté au fil de ce test : ce n’est pas sans raisons s’il s’agit du plus long, à ce jour, consacré à un Nikkor Z. À n’en pas douter, le Nikkor Z 24-70 mm f/2,8 S marque un nouveau jalon optique et standard, au moins pour les nikonistes, assurément dans le monde des hybrides.
Si la mission était de faire oublier le couac de l’AF-S Nikkor 24-70 mm f/2,8E ED VR pour reflex, elle est accomplie haut la main. Main qui, par contre, aura peut-être plus de scrupule d’aller au portefeuille pour débourser les 2499 euros demandés par le constructeur pour faire sien cet objectif. Nous serions presque tentés d’écrire que le jeu en vaut clairement la chandelle.
À savourer sans modération sur un Z 7. Dommage qu’il ait fallu le rendre…
Ce zoom au meilleur prix chez Miss Numerique
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Bonjour
J’ai eu ce magnifique zoom pendant presque un an avec mon Z6 II avant de me faire cambrioler. J’envisage de racheter le même matériel.
Je me pose cependant la question suivante: est-il toujours fabriqué au japon? Celui que j’ai acheté l’an dernier (commandé en décembre 2020) était bien fait au Japon….
Si quelqu’un a une réponse…
Merci
Le mien acheté en mai 2021 est « Made in Japan ». Mais depuis…
Il faudrait pouvoir demander au revendeur en cas d’achat en magasin, ça n’est pas compliqué à vérifier. Comme il ne s’agit pas d’un objectif très demandé vu son prix et que les stocks ne s’écoulent pas à vitesse « omicronesque », les lignes de production doivent probablement rester les mêmes (donc nippones).
J’ai troqué il y a 3 mois mon 24-70mm f:4 pour ce f:2,8 avec beaucoup d’attentes et une sérieuse ponction monétaire ! Après 3 mois d’expérience je confirme la conclusion de l’article.
C’est le complément parfait pour un Z7 : piqué excellent (un zoom à 200% dans l’image est édifiant !!!) et homogène à TOUTES les focales et TOUTES les ouvertures (sf évidemment à f:22), distorsion et franges chromatiques absentes, contraste naturel. Le f:4 qui est très très bon dans l’absolu, est surtout excellent avec un Z6, c’est le duo naturel. Je ne commenterai pas les différences physiques et tarifaires que chacun connaît, il faut pouvoir les assumer en fonction de ses besoins personnels.
Dernière précision sur l’ergonomie et la présentation : je me sers finalement peu de l’écran OLED car les infos indiquées existent déjà soit dans le viseur soit dans l’un des 2 écrans en plus de mon cerveau, d’autre part je trouve que la bague de mise au point est très étroite, à noter que le paresoleil est solidaire du fût et non de la lentille ce qui facilite le montage des filtres et son velours noir est une très belle idée. L’aspect général des objectifs Z est plutôt discret voire austère, ça ne me gêne pas bien au contraire car j’ai toujours trouvé le style noir/or des séries F trop bling-bling.
Bonjour,
Tout d’abord, meilleurs vœux à tous !
Petite question, est il judicieux et possible d’utiliser un convertisseur de focale avec le Z 24 70 1.8 S ??? Ou vaut il mieux se diriger vers un 24 200 à défaut d’un 70-200 2.8 ?
Merci par avance.
Un convertisseur de focale n’a pas d’intérêt sur un 24-70, il concerne les téléobjectifs.
Attention aux convertisseurs qui peuvent venir toucher les lentilles arrières avec ces courtes focales.
Merci pour ce test très complet. J’ai récemment fait l’acquisition de ce zoom et j’ai été très surpris au déballage de l’entendre “bouger” quand je le manipule. Plus spécifiquement, le fût qui sort de l’objectif en zoomant a un peu de jeu latéral, assez audible même sans bouger dans tous les sens. Pour une optique “pro” je m’attendais à mieux… suis-je le seul dans ce cas, ou est-ce quelque chose de normal? Pour le reste l’objectif semble fonctionner normalement, mais le ressenti est déroutant
La plupart des objectifs « bougent » quand on les manipule, ils comportent des pièces en mouvement, cela n’a rien d’étonnant et n’est en rien un problème.
Merci beaucoup pour votre réponse. Dans le doute, le vendeur m’en commande un nouveau et nous comparerons les deux exemplaires
Bonjour, avez-vous pu comparer, au final, le nouveau ? Est-ce pareil, mieux, pire ? Le mien aussi fait ce petit bruit quand je l’agite.
Bonjour
J’ai un Z7 avec le 24-70 f4 S dont je suis très satisfait.Quand je regarde les tests sur le 2.8, je n’arrive pas à me décider à l’acheter car il semble que la supériorité du 2.8 par rapport au 4 ne soit qu’à la marge pour un tarif élevé, un poids nettement supérieur qui fait perdre l’intérêt de l’hybride (J’avais un D850 et un 24-70 F ED 2;8).
Par contre j’attends avec impatience un objectif macro pour hybride
Cordialement
Marc
Merci pour ce long test exhaustif. Ne craignez vous pas que cette belle dernière image de pissotoire où on voit une bouche pulpeuse de femme recueillir la pisse des mecs ne nuise en rien à l’image de Nikon ? Sûrement un mec qui a écrit l’article.
Décidément, … C’est incurable .
Suite à votre réponse, je précise que obsolète ne veut pas dire en panne. Le constat est qu’après 5 ans le matériel est largement dépassé et ne vaut plus grand chose à la revente.. d’où ma reflexion est ce utile d’investir une le fortune pour posséder ce petit bijou? qui dans 2 ans sera remplacé par un autre objet encore plus surdoué pourvu de 2 emplacements cartes memoires et autre logiciel embarqué ou d’autres fonctions à ce jour inconnues..cher ,très cher si on veut suivre l’évolution alors que j’ai travaillé 20 ans avec le même boîtier hasselblad…..enfin…C’est juste mon avis!
Le constat est aussi que du coup, votre D4S et 24-70 f/2.8G dont les images fournies ne sont pas dépassées se trouvent mis sur le marché de l’occasion quasi neuf pour plus grand chose au bout de 5 ans par ceux qui veulent suivre l’évolution, au lieu de rester aux mêmes prix pendant 20 ans…
Finalement le poids 300 grammes de +
La longueur est elle la même que le f4 lorsqu’il est ouvert à 24 ???
Merci
Gee
A réfléchir tout de même avant de craquer pour l’achat d’un z7 et de ce zoom 24 70 2,8 c’est un budget! Quand je pense que mon d4s et mon zoom 24 70 2,8 (le premier non stabilisé) achètés en juin 2014 pour plus de 6000 € et qu,’aujourd hui à peine 5 ans après ce matériel est obsolète ceci me laisse perplexe
Il n’est pas obsolète, il fonctionne toujours non ?
Bonjour,
Quel est la différence de poids entre un D700 + 24-70/2.8 et un Z7 + 24-70/2.8 ?
Cordialement.
Dans les 400 grammes, mais le poids ne fait pas tout, l’ensemble est bien plus compact et performant