Le décor est planté : une cour typiquement parisienne, récemment rénovée, avec pavés et ateliers d’artistes. Et au milieu, une maisonnette, dans le même style. C’est ici que la galerie Polka vient d’emménager. J’ai la chance d’y rencontrer Alain Genestar et de l’interviewer en compagnie de Julie Chabanas, journaliste et pigiste pour Nikon Passion. Voici la retranscription de plus d’une heure d’échange avec le Directeur du magazine et de la galerie éponyme.
Interview d’Alain Genestar par Julie Chabanas pour Nikon Passion
Alain Genestar, qui a créé ce magazine/galerie/site web il y a un an et demi, avec deux de ses enfants, nous raconte qu’il y a, au départ, un projet de « magazine un peu rêvé », avec sa fille Adélie, 31 ans, journaliste – qui a notamment travaillé pour les agences Gamma et Capa – et son plus jeune fils. Les démarches sont engagées, les contacts pris, mais, lorsqu’arrive la crise, il ne fait pas bon vouloir mener un projet qui nécessite des fonds importants !
Parallèlement, sa fille Adélie, et son autre fils Edouard, 34 ans – qui est actuellement gestionnaire et éditeur de Polka – ont une idée de galerie photo. Un projet moins coûteux qui permet à la famille Genestar de lancer Polka à partir de fonds propres. « La périodicité du magazine permet de le produire à des coûts moins élevés, car ce qui coûte cher, c’est de devoir imprimer rapidement », explique Alain Genestar, qui en est directeur de la publication. « Lorsque, il y a un an et demi, le premier magazine est sorti, il s’apparentait plutôt à un catalogue de l’exposition », continue-t-il.
Polka expose actuellement Abbas, Hans Silvester, Cathleen Naundorf, Christian Poveda
Steven Siewert, Paolo Pellegrin
Magazine, galerie, site internet – qui se transformera, à terme, en « site de la photo, interactif » – Polka mélange les supports. « Exposer à partir du magazine permet de réunir dans la galerie des photographes qui, d’habitude, y sont seuls. On ne retrouve d’ailleurs pas forcément les mêmes photos dans le magazine et dans la galerie », continue l’ancien directeur de la rédaction de Paris Match. Le but du jeu est de faire de Polka « une marque liée à la photo », en initiant des partenariats, par exemple, avec d’autres galeries, ou avec des hôtels : l’hôtel Sofitel Le Faubourg (Paris VIIIème) expose ainsi des photos de Derek Hudson, Cathleen Naundorf, Jean-Marie Périer, Gérard Uféras, sur le thème de la mode, que l’on trouve dans le numéro en cours du magazine.
Photo Paolo Pellegrin
Aujourd’hui, la galerie représente un quart du chiffre d’affaires de Polka, et le vernissage de l’exposition en cours a réuni 1.500 personnes, dont Alain Delon ! Quant au magazine, il compte 4.000 abonnés. Et plus question de perdre de l’argent : Polka a déjà atteint l’équilibre financier.
Lorsqu’on dirige un magazine et une galerie photo, le choix des photographes est, évidemment, une question centrale ! « Il y a ceux que l’on désire, et vers qui nous allons, et ceux qui nous désirent, et qui viennent vers nous », précise encore Alain Genestar. A terme, Polka devrait accueillir, dans ses pages et sur ses murs, une petite moitié de photographes célèbres, mais surtout de jeunes talents, « inconnus de la plupart des gens ». Et, de plus en plus, un sujet devrait réunir plusieurs photographes, et ne plus être exclusif, comme c’est le cas actuellement. « De même, continue-t-il, notre volonté est d’arriver à publier à égalité des histoires qui avaient déjà été réalisées et des sujets en co-production ».
Photo Christian Polveda
Autre souhait : aller chercher des photographes de pays lointains. « Le numérique permet aujourd’hui à beaucoup de photographes locaux de travailler et envoyer des photos, tandis qu’avant, seuls les photographes originaires d’Europe, des Etats-Unis ou du canada portaient un œil sur ce qui pouvait se passer dans le reste du monde. C’est un aspect positif de la mondialisation. » Si un échange existe entre Polka et des photographes originaires d’Orient ou du Proche-Orient – en témoigne le numéro en vente actuellement, dont la une est consacrée aux « visages de la liberté » en Iran – il en est autrement avec l’Afrique.
L’obstacle principal réside dans « la difficulté, dans des régimes dictatoriaux, de s’assurer qu’il s’agit d’une vraie photo, et pas de propagande ».
Photo Steven Siewert
Exposition « Droit dans les yeux »
Polka Galerie
Cour de Venise, 12 rue Saint Gilles
75003 Paris
Jusqu’au 7 novembre
http://www.polkagalerie.com
Exposition « si la mode m’était contée… »
Hôtel Sofitel – Paris Le Faubourg
15, rue Boissy d’Anglas
75008 Paris
jusqu’au 31 octobre
Polka Magazine #6« Iran, visages de la liberté »
en vente en kiosques 5 euros ou sur abonnement auprès de Polka Magazine
Photos de Cathleen Naundorf, Rémi Dussert, Stéphane Guinard, Paolo Pellegrin, Christian Poveda (assassiné le 3 septembre au Salvador), Mickaêl Bougouin, Prashant Panjiar, Abbas, Hans Silvester, Steven Siewert
Nos remerciements vont à l’équipe de Polka Magazine et à Alain Genestar en particulier qui nous a accordé cet interview exclusif.
par Julie Chabanas
Cet article vous a aidé ?
Recevez ma boîte à outils photo pour progresser en photo même si vous n'avez que 5 minutes par jour.
Merci pour un excellent voyage-photo sur le web